Le boulevard Saint-Joseph d’une autre époque
L’hiver 2014-2015 aura été fort éprouvant pour les conduites d’eau de plusieurs rues du Plateau. Une conduite d’eau de quelques dizaines de centimètres de diamètre qui gèle et qui éclate par moins 40 degrés; ça fait un beau dégat. En janvier, le bris d’une conduite importante du boulevard Saint-Joseph, près de Berri, a causé une inondation sur plusieurs rues des environs.
Mais notre beau boulevard Saint-Joseph a déjà connu des jours plus calmes. Cette photographie du début des années 1940 nous le montre, angle Henri-Julien, dans ses beaux atours d’été. On note immédiatement les alignements d’arbres matures qui offrent un ombrage bienfaisant pour les piétons. Plus loin, les arbres laissent place à un généreux terre-plein gazonné et planté d’arbustes. Ce qui explique cette différence est le fait que la rue Henri-Julien est en réalité la frontière entre Ville Saint-Louis et le village de Coteau Saint-Louis, lequel deviendra plus tard le quartier Saint-Denis. En 1905, c’est l’architecte et ingénieur J.E. Vanier qui propose à Ville Saint-Louis de transformer la rue Saint-Joseph en boulevard de prestige, le premier à Montréal. On se rappelle qu’à l’époque c’est la troisième ville en importance au Québec.
Montréal prolongera ensuite, en diverses phases, le boulevard vers l’est, mais sans les arbres cette fois. L’allure n’était quand même pas négligeable et l’ensemble donnait réellement une impression d’envergure; d’espace très aéré.
Le quartier Saint-Denis était représenté par un échevin assez extraordinaire, en la personne du notaire Jos. Marie Savignac. La Famille Savignac habitait sur le boulevard Saint-Joseph angle De La Roche et l’échevin de l’équipe de Camillien Houde, longtemps président du Comité Exécutif de la Ville de Montréal, était particulièrement fier de la magnificence du boulevard. Il défendit son intégrité pendant toute sa présence dans l’administration municipale.
Cette voie sera finalement élargie au début des années 1960, au moment du départ de Monsieur Savignac de la vie politique.
À partir de 1959 j’ai fréquenté la magnifique École Saint-Pierre-Claver, bd Saint-Joseph et de Lorimier. Les gros ormes et les terre-pleins étaient encore là. Vint la maladie de l’orme et la décision d’ajouter des voies au boulevard: fini les arbres et les terre-pleins. Des érables ont été plantés: beaux mains moins majestueux que les ormes qui faisaient canopée.
Quant à Jos-Marie Savignac, une des têtes de Turc du caricaturiste Normand Hudon, les défilés de la Fête-Dieu s’arrêtaient un moment devant le reposoir qu’il installait devant chez lui.