Scènes d’hiver
Avant l’avènement de la souffleuse à neige pour déblayer les rues de Montréal, on se contentait de passer la charrue pour les dégager. Ainsi la neige s’accumulait sur le bord des trottoirs pour le plus grand plaisir des enfants.
On y construisait des forts et des tunnels pour se défendre des attaques de balles de neige. La gaité et les rires fusaient surtout lorsqu’une botte de caoutchouc restait prisonnière sous des dizaines de centimètres de neige avec notre soulier dedans et qu’on devait la récupérer en pieds de bas. Bien avant le charmant film La guerre des tuques on avait déjà tout inventé.
Puis la ville acheta suffisamment de souffleuses pour débloquer toutes les rues. On avait lu ou entendu que des gamins avaient été happés par cet engin. Parents et enfants en faisaient des cauchemars. Alors la consigne devint très claire. Aussitôt que le monstre s’annonçait, on devait abandonner nos jeux bien à regret et rentrer à la maison. Certaines mères descendaient parfois en tablier et en souliers sur le trottoir pour forcer les récalcitrants à quitter les lieux.
Parlons des pintes de lait que le laitier laissait aux portes par temps froid. Le breuvage ne subissait pas toujours une homogénéisation alors, sous l’effet du gel, les gouttelettes de gras montaient à la surface en entraînant le bouchon de carton. Mes deux parents travaillaient, nous n’avions pas de livraison de lait à la maison. Je trouvais ça dommage pour les autres et je dois l’avouer, un peu drôle aussi.
Lorsque je devais aller acheter du lait au dépanneur de l’époque ou à l’épicerie, il fallait demander du « lait homogénéisé s’il vous plaît ». Je pratiquais tout le long du chemin pour le dire correctement puis, à mon grand soulagement, j’appris à dire simplement du « lait homo s’il vous plaît ». Quand j’y pense !
L’hiver, le jeu de billes donnait de magnifiques tableaux abstraits et colorés sur la neige selon l’évolution de la partie.
À la fin de la saison, les températures s’élevaient et il se produisait un phénomène étrange sur les trottoirs. Les femmes surtout, s’armaient de pelle, de marteau ou de hachette pour briser la glace. Elles commençaient près du parterre de la maison et creusaient des rigoles qui allaient à la rue. Elles affirmaient que la neige fondait plus vite en s’évacuant ainsi. Était-ce vrai ? Elles piochaient avec tant d’ardeur !
À l’adolescence, je conserve en mémoire cette activité hivernale. Nous allions patiner au parc Lafontaine, pas tellement pour le sport, mais pour rencontrer des garçons. J’aurais aimé glisser sur la glace en jupe et en collant… interdit par ma mère, je devais garder mes jambières. Pas d’échappatoire, elle surveillait mon départ. La seule coquetterie permise, une passe tricotée en laine mohair qui couvrait le dessus de la tête et les oreilles, et s’attachait sous le menton avec un cordonnet souvent terminé par deux pompons. Je me croyais irrésistible ! Première d’une longue suite de désillusions…
On y construisait des forts et des tunnels pour se défendre des attaques de balles de neige. La gaité et les rires fusaient surtout lorsqu’une botte de caoutchouc restait prisonnière sous des dizaines de centimètres de neige avec notre soulier dedans et qu’on devait la récupérer en pieds de bas. Bien avant le charmant film La guerre des tuques on avait déjà tout inventé.
Puis la ville acheta suffisamment de souffleuses pour débloquer toutes les rues. On avait lu ou entendu que des gamins avaient été happés par cet engin. Parents et enfants en faisaient des cauchemars. Alors la consigne devint très claire. Aussitôt que le monstre s’annonçait, on devait abandonner nos jeux bien à regret et rentrer à la maison. Certaines mères descendaient parfois en tablier et en souliers sur le trottoir pour forcer les récalcitrants à quitter les lieux.
Parlons des pintes de lait que le laitier laissait aux portes par temps froid. Le breuvage ne subissait pas toujours une homogénéisation alors, sous l’effet du gel, les gouttelettes de gras montaient à la surface en entraînant le bouchon de carton. Mes deux parents travaillaient, nous n’avions pas de livraison de lait à la maison. Je trouvais ça dommage pour les autres et je dois l’avouer, un peu drôle aussi.
Lorsque je devais aller acheter du lait au dépanneur de l’époque ou à l’épicerie, il fallait demander du « lait homogénéisé s’il vous plaît ». Je pratiquais tout le long du chemin pour le dire correctement puis, à mon grand soulagement, j’appris à dire simplement du « lait homo s’il vous plaît ». Quand j’y pense !
L’hiver, le jeu de billes donnait de magnifiques tableaux abstraits et colorés sur la neige selon l’évolution de la partie.
À la fin de la saison, les températures s’élevaient et il se produisait un phénomène étrange sur les trottoirs. Les femmes surtout, s’armaient de pelle, de marteau ou de hachette pour briser la glace. Elles commençaient près du parterre de la maison et creusaient des rigoles qui allaient à la rue. Elles affirmaient que la neige fondait plus vite en s’évacuant ainsi. Était-ce vrai ? Elles piochaient avec tant d’ardeur !
À l’adolescence, je conserve en mémoire cette activité hivernale. Nous allions patiner au parc Lafontaine, pas tellement pour le sport, mais pour rencontrer des garçons. J’aurais aimé glisser sur la glace en jupe et en collant… interdit par ma mère, je devais garder mes jambières. Pas d’échappatoire, elle surveillait mon départ. La seule coquetterie permise, une passe tricotée en laine mohair qui couvrait le dessus de la tête et les oreilles, et s’attachait sous le menton avec un cordonnet souvent terminé par deux pompons. Je me croyais irrésistible ! Première d’une longue suite de désillusions…
© SHP et Michèle Olivier, 2024
Illustrations Ange Pasquini
Index des capsules de mémoire de Michèle Olivier
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Joies d’hiver pour moi patiner au parc Lafontaine sur l’étang ski bottines pour les sensations et aider en poussant les autos pris dans la neige pour quelques sous.
Merci pour l’emplacement de cette usine d’antan mon regard sera différent quand je passerais par là.
Bonne année à tous.
Arthur Sicard avait établi son usine principale à Sainte-Thérèse. Il avait effectivement vendu sa première unité à la ville d’Outremont. Si vous roulez sur l’autoroute des Laurentides (A-15 vers le Km 21 tout juste après la A-640) ce site devenu beaucoup plus imposant est maintenant celui des camions Paccar qui assemblent des Kenworth … sur la rue Sicard de Sainte-Thérèse !
Merveilleux souvenirs!
Félicitations Madame Olivier!
Encore une fois toutes mes félicitations Maman !
Je ne comprendrai jamais pourquoi à l’adolescence on veut être le moins habillé possible !
Ça nous passe vite en vieillissant !
La souffleuse a été créée par un monsieur Sicard, d’ailleurs la rue Sicard a été baptisée en son honneur.
En parlant de souffleuse, la plus connue était la grosse Sicard, toute grise.
Il y a un timbre de Postes Canada qui représente cette fameuse souffleuse (et qui a été monté dans l’article). Avec une loupe, on peut lire Outremont sur le côté.