Les adresses des concessionnaires disparus
Concessionnaires disparus et début du marché secondaire
Certaines entreprises font partie de notre quotidien pendant des décennies, puis, sans crier gare, parfois incapables de passer d’une génération à l’autre, disparaissent de notre radar. Retour sur des anciennes adresses qui ont peut-être marqué votre histoire automobile.
Clermont Motor, l’ancien château-fort
On aura tout vendu dans la famille Clermont pendant plus de 90 ans ( voir l’article passionnant dans La Presse d’un ami et confrère, Éric Descarries ). De la célèbre Ford Model T aux Buick et McLaughlin, puis des Chrysler / Dodge avant de revenir à General Motors, Chevrolet et enfin Cadillac, Clermont aura fait le tour du Big Three. D’abord au coin de Saint-Denis et Roy de 1916 à 1927 puis 5363 Saint-Denis, coin Saint-Grégoire, jusqu’à sa fermeture et transformation en condos en 2013. Mais pendant toutes ces décennies, dans un impressionnant bunker de cinq niveaux, Clermont aura été LE concessionnaire le plus important du Plateau. 
Certaines entreprises font partie de notre quotidien pendant des décennies, puis, sans crier gare, parfois incapables de passer d’une génération à l’autre, disparaissent de notre radar. Retour sur des anciennes adresses qui ont peut-être marqué votre histoire automobile.
Clermont Motor, l’ancien château-fort


La structure de l’édifice était tellement solide qu’elle n’a pas été détruite pour la conversion en condos. On a tout simplement réaménagé l’intérieur.
Lanthier et Lalonde, rue Papineau coté est au nord de Marie-Anne. Dépositaire Lincoln et Mercury dans les années 50 et 60. Il était assez facile d’obtenir une franchise d’un manufacturier avant 1950 mais aussi de la perdre quand on ne répondait plus aux nouvelles normes de ventes ou de construction (salle de montre, service, signalisation, etc.).
Lincoln Continental Mark V, 1960. L’âge d’or des méga berlines : tapis magique animé par un V-8 gourmand, 4 portes hardtop. Un coffre assez spacieux pour six sacs de golf (ou autant de corps pour le crime organisé!). Petit détail, la partie rectangulaire de la lucarne arrière s’abaissait par commande électrique !
4584 Papineau :
un édifice à quatre niveaux qui aura une vocation automobile dès sa construction avec ses rampes intérieures. Puis deux concessionnaires : d’abord c’est L.N. Messier qui s’y installera avec ses petites Austin 850 vers 1962 avant de fermer quelques années plus tard et être remplacé par une franchise Datsun (devenue Nissan en 1986) pendant une courte période. C’est là que je me procurerai une Fairlady 1600, une jolie sportive décapotable en 1966.
Des motos sur Papineau !
Coté est juste au sud de Gilford, un vendeur de motos Indian (?) qui offrait aussi des produits tchèques, des Jawa. Adolescent, je regardais les «bécyk à gaz» avec envie à travers la vitrine. Mais pour mes parents, l’acquisition d’une moto, même un scooter ou un vélo Solex, était interdite… et c’était non négociable!
Un carrefour pour les pièces d’autos dans le Parc Milton
Avec l’automobile qui prend de plus en plus de place au début du XXe siècle, l’industrie du marché secondaire se développe également et ce sera dans la partie sud-ouest du Plateau, le secteur Parc Milton! Sur l’avenue du Parc, entre l’avenue Des Pins et la rue Sherbrooke, de nombreux distributeurs, réparateurs ou fabricants de pièces d’automobiles et camions, de produits industriels ou de carrosserie s’y établissent : même la pétrolière Esso y a ses bureaux. De plus, dans les années 20, le parc automobile gonfle à vue d’œil et les réseaux de concessionnaires sont embryonnaires, si bien que leurs clients doivent faire entretenir leurs véhicules dans des ateliers indépendants et réparés avec des pièces provenant de ce qu’on appellera le marché secondaire. Sur cette artère, on remarque des noms comme Modern Motor Sales, Grenier Motor, General Auto Body, Imperial Oil, etc.
Toutefois, deux entreprises se démarquent : d’abord John Millen and Sons, fondé en 1869 pour offrir des produits industriels, la maison alors dirigée par le fils Ernest passe à l’automobile en 1906 et devient le plus important distributeur de l’époque avec 3 succursales à Montréal et en province. Le nom perdurera et deviendra de fil en aiguille par fusion McKerlie-Millen et finalement par acquisition le Carquest de nos jours.
Par ailleurs, un jeune entrepreneur, Charles E. Préfontaine, quitte son Marieville natal avec son frère Hector en 1926 et choisit un nom tout anglophone pour proposer un commerce compétiteur : United Auto Parts, sis au 3445 Avenue du Parc. En quelques décennies, UAP grossira de façon exponentielle et deviendra le plus important distributeur au Canada, un véritable empire. Pour augmenter son pouvoir d’achat en 1989, UAP s’associera avec l’américain NAPA qui, au tournant du Millénaire (1998), s’en portera acquéreur. Au Québec, le réseau se nomme dorénavant NAPA Pièces d’Autos.


Des motos sur Papineau !


Un carrefour pour les pièces d’autos dans le Parc Milton

Toutefois, deux entreprises se démarquent : d’abord John Millen and Sons, fondé en 1869 pour offrir des produits industriels, la maison alors dirigée par le fils Ernest passe à l’automobile en 1906 et devient le plus important distributeur de l’époque avec 3 succursales à Montréal et en province. Le nom perdurera et deviendra de fil en aiguille par fusion McKerlie-Millen et finalement par acquisition le Carquest de nos jours.


© SHP et Michel Poirier-Defoy, 2025
Annonce Clermont en 1974 (crédit JM Hurtubise)
Index des capsules de mémoire de Michèl Poirier-Defoy
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Tout à fait fascinant que ce retour dans le passé; tout comme mentionné dans l’une de mes capsules de mémoire, mon oncle – le frère de ma mère – d’abord propriétaire d’une station-service BP sur Saint-Michel près Henri-Bourassa devint vers 1962 dépositaire des voitures Simca. Localisée sur rue de la Roche, tout juste au sud de Mont-Royal, la concession Lareau Automobiles devint par la suite la référence pour les voitures Renault. Malheureusement, son décès prématuré en 1974 provoqua la vente de la concession et son déménagement sur Sainte-Catherine ouest. L’emplacement sur de la Roche était minuscule; je comprends qu’il n’a pu y vendre de Cadillac! Le plus impressionnant était le trou dans lequel le mécano descendait pour y réparer le dessous des autos ou changer l’huile du moteur.
Mon oncle avait des partenaires d’affaires et l’un deux fut le garage Latreille, situé à l’intersection de Rachel et Saint-André. Je crois maintenant que c’est un terrain de stationnement appartenant à Chassé Toyota.
La Renault n’était pas sa voiture de tous les jours; c’est Latreille qui lui fournissait cette auto et c’était une Ford. D’ailleurs, mon père s’était procuré une Ford 1964 chez Latreille via mon oncle. Équipée d’un 6 en ligne et à l’instar de la Studebaker, ce n’était pas non plus une auto qui aurait apprécié les côtes de Charlevoix! Cette Ford avait un équipement minimaliste; les feux de recul et le pare-soleil venaient en option !
Merci monsieur Caron de remémorer des concessionnaires que j’ai oubliés, même si leur présence et leur vie fût assez courte. Je me souviens maintenant d’un concessionnaire sur rue de La Roche, Simca et/ou Renault mais effectivement dans des locaux fort petits où il se passait plus dans la ruelle que sur la rue.
Simca était sous FIAT jusqu’en 1963 puis à Chrysler, ce qui explique la migration vers Renault. Ce qui confirme ma théorie qu’on pouvait obtenir assez facilement une franchise pour vendre des voitures dans les années 50-60, mais dont la longévité n’était pas assurée. Si ma mémoire ne me trompe pas, il y eut un vendeur de motos par la suite à cet endroit.
Quant au «pit» dont vous faites mention pour l’entretien, ils furent la façon de faire jusqu’à l’arrivée des ponts élévateurs hydrauliques. Ils furent alors régis par une règlementation très sévère et ont disparu.
La photo de la Lincoln m’a fait penser à « La Défense Lincoln » une série télévisée américaine adaptée des romans de Michael Connelly, centrée sur l’avocat Mickey Haller, qui exerce son métier depuis l’arrière de sa Lincoln.

Bonjour monsieur Pasquini,
Beau rappel que cette série qui met en vedette aussi cette Lincoln qui a tant servi de limousine d’aéroport, dont l’espace à l’arrière et le coffre étaient immenses. Elle a aussi servi de voiture présidentielle aux États-Unis de 1936 à 1989, dont celle de J.F. Kennedy. La plupart sont aujourd’hui en montre au musée Henry Ford à Détroit (voir dans le texte ci-dessus).
Pour ce qui est du 4584 Papineau, je restais en face au 4599 en 1965, il y avait aussi des Citroën me semble t-il.
Il n’y avait-il pas un modèle d’auto québecoise sur les planches à dessins à cet endroit ?
Oui, le Plateau a une bonne part d’histoire pour l’auto mobile.
Bonjour monsieur Boismenu,
il est possible que se soient succédé plusieurs types de concessionnaires de voitures dans les années ’60 et qu’il y ait eu des Citroën est aussi pensable. Cependant, je doute fortement que la Manic, la petite québécoise à laquelle vous référez, soit reliée à cet endroit quant à son développement puisque le site de montage de ces sportives était situé à Granby. Mais après les possibles Citroën, les Austin 850, les Datsun, il est possible qu’on ait tenté d’y vendre des Manic ou à tout le moins d’en avoir une en montre.