Le vin de l’Indépendance
Nous sommes en 1964, Un ami français me convainc de faire du vin : il en a vu faire quand il était petit en France. On sauve déjà la première phase quand il obtient d’un Italien de grosses jarres de moût qu’on n’a qu’à laisser vieillir, Je suis totalement béotien dans le domaine mais l’idée me sourit puisque mon auto servira au transport des jarres. Je fournis la moitié du coût et nous devons retourner les contenants pour le mois de juillet suivant,
Mon ami a ses entrées, allez savoir comment, et il obtient la permission de laisser fermenter le précieux nectar au dernier étage du Monastère du Très-Saint Sacrement sur Saint-Hubert (4450), avec possibilité d’aller brasser le moût ‘divin’ de temps en temps. Nous montons les jarres et les entreposons dans un cubicule vide, sec et sombre. Les émanations ne dérangeront personne. Dans toute cette entreprise, il n’a jamais été question de religion.
Les mois passent et nous décidons au printemps d’inviter tous nos amis à un party-dégustation : prix d’entrée, une peu de bouffe…en retour de vin à volonté ! Nous filtrons le « vin » dans des gallons (et en donnons quelques-uns aux moines; ce devait être l’entente). Il n’en reste plus qu’il n’en faut et nous ajoutons « et à tous ceux qui veulent venir à notre open house ! » Nous sommes un samedi soir dans une salle au sous-sol
Au fur et à mesure que la soirée s’anime, il y a des gens de tout acabit que nous ne connaissons pas qui débarquent. On se présente et on fait le tour : du bon monde. Un d’entre eux nous laissent toutefois bouche-bée, Pierre Bourgault. LE Pierre Bourgault. Il a su par le frère plus vieux d’un de nos amis qu’il y avait « plein de jeunes et du vin au Monastère ». Et il s’est invité… pour notre plus grand bonheur.
Cette soirée s’est prolongée jusque tard dans la nuit et nous avons bu plus de paroles sur l’indépendance que de notre piquette. L’homme a 30 ans, dans la force de l’âge. Un orateur d’exception, intarissable et coloré, face à un groupe admiratif qui ne demandait qu’à être converti. Et gros fumeur, cause du cancer qui aura raison de lui en 2003. Il y a des moments dans la vie qu’on n’oublie jamais.
Je me souviens aussi avoir reconduit un ami et sa blonde et m’être immobilisé au feu rouge sur la petite côte sur Saint-Hubert au coin Laurier. Le soleil se levait et je devais probablement frôler le 0,08 g d’alcool (pas encore une loi à cette époque). J’ai baissé ma vitre pour prendre une grande bouffée d’air frais. Les oiseaux piaillaient tellement fort !
Nous avons un peu vendu, puis donné de ce vin que nous traitions de « pas si pire » et finalement retourner les contenants à l’été. Le souvenir a mieux vieilli !
Pierre Bourgault aurait eu 91 ans le 23 janvier 2025

Les mois passent et nous décidons au printemps d’inviter tous nos amis à un party-dégustation : prix d’entrée, une peu de bouffe…en retour de vin à volonté ! Nous filtrons le « vin » dans des gallons (et en donnons quelques-uns aux moines; ce devait être l’entente). Il n’en reste plus qu’il n’en faut et nous ajoutons « et à tous ceux qui veulent venir à notre open house ! » Nous sommes un samedi soir dans une salle au sous-sol
Au fur et à mesure que la soirée s’anime, il y a des gens de tout acabit que nous ne connaissons pas qui débarquent. On se présente et on fait le tour : du bon monde. Un d’entre eux nous laissent toutefois bouche-bée, Pierre Bourgault. LE Pierre Bourgault. Il a su par le frère plus vieux d’un de nos amis qu’il y avait « plein de jeunes et du vin au Monastère ». Et il s’est invité… pour notre plus grand bonheur.

Je me souviens aussi avoir reconduit un ami et sa blonde et m’être immobilisé au feu rouge sur la petite côte sur Saint-Hubert au coin Laurier. Le soleil se levait et je devais probablement frôler le 0,08 g d’alcool (pas encore une loi à cette époque). J’ai baissé ma vitre pour prendre une grande bouffée d’air frais. Les oiseaux piaillaient tellement fort !
Nous avons un peu vendu, puis donné de ce vin que nous traitions de « pas si pire » et finalement retourner les contenants à l’été. Le souvenir a mieux vieilli !
Pierre Bourgault aurait eu 91 ans le 23 janvier 2025
© SHP et Michel Poirier-Defoy, 2025
Illustration Ange Pasquini
Index des capsules de mémoire de Michèl Poirier-Defoy
« Vous aimez les contenus présentés sur le blogue de la Société du Plateau-Mont-Royal ?
Soutenez nos publications et nos activités en devenant membre. »
Soutenez nos publications et nos activités en devenant membre. »
Vraiment toute une histoire! Merci à M. Poirier-Defoy de nous l’avoir partagé.
Ce type était tout un tribun. Il captivait littéralement ses auditeurs avec un langage dont il possédait une maîtrise incroyable. Un phénomène ! Le vin était-il bon finalement? Il semble qu’on peut le présumer !!!!!
Si des experts avaient bu de notre vin, il est fort à parier qu’ils se seraient étouffer! En 1964, le Québécois moyen s’y connaissait peu en vin et les comptoirs (sic) de la Commissions des Liqueurs offraient peu de choix, d’où ce désir de s’aventurer dans ce projet. Mais le clou de cet article n’est de cette «horrible piquette», comme chantait Jean Ferrat, mais la présence de ce monument qu’était Pierre Bourgault, qui proposait déjà l’indépendance du Québec et qui savait comment nous faire rêver.
La seule chose que je regrette 50 ans plus tard, c’est «où était mon Kodak ?»
J’adore ces petites histoire qui soutiennent la grande. Et je suis fier de Marie Josée Hudon, notre illustratrice préférée, qui a donné son accord pour que le portrait de Pierre Bourgault soit inclus dans l’encyclopédie canadienne.