Hôtel de ville et Lionnais
Cette magnifique photographie du Service des archives de la Ville de Montréal date de 1964 et nous montre de vieux édifices de la rue Hôtel-de-Ville, dans sa section au nord de la rue Rachel. Ces constructions datent des environs de 1875 et témoignent des premiers édifices résidentiels du Village de Saint-Jean-Baptiste ; un des villages fondateurs du Plateau-Mont-Royal.
Bien qu’un chemin existe déjà depuis 1879, la rue Lionais (que l’on devine à gauche) ne sera officiellement nommée qu’en 1885. Pour la rue Hôtel-de-Ville, elle sera nommée en 1895.
C’est l’arrivée du tramway hippomobile, au début des années 1860, qui va permettre le développement des grands secteurs au nord de la rue Sherbrooke. Il y aura également de grands lotissements qui vont offrir des terrains au développement. Le village sera créé en 1861 et subsistera jusqu’à son annexion à Montréal, en 1886.
On voit ici des bâtiments entièrement composés de bois, comme l’étaient tous ceux de ces plus vieilles rues du Plateau, qui étaient situées immédiatement à l’est de Saint-Laurent. L’illustration de l’atlas Goad de 1890 montre bien ces maisons de bois (en jaune sur la carte) et les maisons avec un revêtement de brique (en rouge). Le développement plus récent, à l’est de Pantaléon (Hôtel-de-Ville) ne montre plus de constructions exclusivement de bois. Ce sera le grand espace de lotissement des quatre promoteurs Drolet, Rivard, David et Laurent qui s’amorce dans les années 1870 mais qui tardera un peu à cause d’une importante crise économique. En 1872, on dénombre environ 5000 habitants dans le village, majoritairement des ouvriers.
Dans l’atlas Goad de 1890
On constate qu’il n’y a plus de constructions de bois à l’est de Pantaléon (Hôtel-de-Ville)
Mais revenons à nos vieux bâtiments de bois
La photo nous montre des structures pas mal abimées et qui se disloquent tranquillement sous le poids des années. On note également qu’elles ont vu l’arrivée de l’électrification; par les branchements assez sommaires que l’on voit sur leurs façades. À Montréal, l’électricité entre dans les maisons vers les années 1905-1910. Bien sûr, ce sont les quartiers chics qui en bénéficient en premier mais le développement rapide de la ville fera en sorte de corriger cette situation.
La maison que j’habite, qui date des environs de 1912, nous révèle quelques secrets lorsque d’aventure on fait quelques trous pour des travaux. L’intérieur des cloisons nous montre des vestiges de l’éclairage au gaz avec les petits tuyaux de fer qu’on y retrouve. Également, quand on ouvre des plafonds, on découvre aussi de vieux fils électriques qui parcourent les entre-plafonds et qui traversent les solives de bois en passant par de petits tubes de porcelaines. Un éclairage au gaz avec ses petits tuyaux; et un éclairage électrique avec ses fils; tout ça encapsulé dans les cloisons et plafonds. Aller comprendre quelque chose ! Mystère !
Certains bâtiments de la photo possèdent des toitures mansardées ; et d’autres des toitures à deux versants qui indiquent bien l’âge de ces maisons. Avec tout ce bois exposé, on peut facilement comprendre le danger que présente un début d’incendie qui est mal contrôlé. D’ailleurs, ces constructions sont la conséquence directe des grands incendies montréalais ; dont celui de 1852, qui obligea ce type de bâtiment combustible à se construire hors des limites de la Ville de Montréal (qui à cette époque, se trouvaient aux environs de la rue Duluth).
Atlas de Goad de 1907
La carte montre avec beaucoup de précisions les différentes constructions ou usages dans ce vieux secteur de la ville.
La photo nous rappelle, qu’encore en 1964, les conditions de logement sont souvent précaires pour nombre de nos concitoyens. Cela nous permet de réfléchir aux conditions de logement dans ces vieux bâtiments du Plateau et d’imaginer le confort des intérieurs. Ces logements n’étaient pas à l’origine dotés de cabinets d’aisance et les gens devaient utiliser des latrines extérieures (backhouse). Il n’y avait pas non plus d’eau chaude et le chauffage était assuré par un poêle au bois situé dans l’espace de cuisine.
© SHP et Gabriel Deschamabult, 2024
Photos : Service des Archives de Montréal
Merci pour ce beau texte sur l’histoire du Plateau d’antan cela nous donne une idée de comment était les conditions de vie de l’époque de mon arr-arr grand-père et mon arr grand père et grand père et leurs familles qui habitaient le village de Saint-Jean Baptiste dans les premières années de celui-ci.