Des « bécosses » sur le Plateau?..ben oui!
Au début du XXème siècle, il existe encore des « bécosses » à Montréal. Pouvez-vous imaginer cela?
Pour ceux qui pourraient l’ignorer, une « bécosse » était en fait une fosse d’aisance qui était située à l’extérieur des maisons et la plupart du temps dans les hangars ou la cour arrière; d’où l’origine de son nom qui vient de l’anglais « backhouse » (à l’arrière de la maison).
L’aspect sanitaire de l’aménagement et du développement d’une ville est souvent méconnu ou plus souvent occulté; mais il n’est pas à négliger loin de là. Pendant tout le XIXème siècle, la ville de Montréal fera de grands efforts pour doter la ville d’un système d’égouts efficace. Cela est nécessaire afin de gérer les nombreux ruisseaux, les eaux de pluie et aussi afin d’assécher des terrains marécageux impossibles à construire. En 1856, l’eau courante arrivera dans les logements; il faudra donc aussi songer à s’occuper en conséquence des rejets domestiques.
Vers 1872, c’est l’apparition des « water-closets » et la ville réglemente également l’installation des fosses d’aisances : …
» Pour installer une fosse d’aisance, le propriétaire doit creuser dans la cour une tranchée de 4 à 5 pieds de profondeur, sur une largeur suffisante pour qu’il y ait un siège et un cabinet pour chaque logement. Ensuite, il doit y enfoncer une boîte de bois étanche faite de planches ou de madriers goudronnés et calfeutrés. Au moins un pied de cette boîte dépassera de terre afin d’éviter que les eaux de surface ne s’y infiltrent. Ces fosses peuvent être reliées à l’égout… « . Voilà! vous savez comment fabriquer une « bécosse ». Mais, à partir de 1887, on ne pourra plus en construire de nouvelles (malheureusement pour vos talents de bricoleurs!).
En 1891, il existe encore 8528 « bécosses » à Montréal; en 1904 (hier; en quelque sorte) il en existe toujours 1068. Il y a environ 325 000 personnes à Montréal. C’est le progrès qui s’installe tranquillement!
Pendant ce temps, dans nos villes et villages de banlieues, on utilise beaucoup (pour le drainage) les nombreux ruisseaux que l’on trouve sur le territoire. Le ruisseau de la ferme Logan a ainsi longtemps servi « d’égout à ciel ouvert ». Côte-Saint-Louis, De Lorimier et Saint-Jean-Baptiste s’en fichent un peu puisque ces ruisseaux sont pris en charge, en contre-bas, par la ville de Montréal. Ces villes finiront par devoir signer des contrats d’utilisation des égouts montréalais et c’est souvent leur incapacité à se doter d’équipements sanitaires adéquats qui les forceront à s’annexer à la grande ville.
Le sujet est largement traité dans le livre « Questions d’égouts » de l’auteur Robert Gagnon, historien et professeur à l’UQAM, édité chez Boréal. Les informations de la présente page s’inspirent en bonne partie de la lecture de cet ouvrage.
Comme quoi, tous les sujets, peuvent être historiques.
Instructif!
Mais dans nos montagnes ( Pyrénées Ariégeoises ) nous en avons encore ça et là !
Quand ma fille a acheté sa maison en 2003, celle-ci n’avait pas de tout à l’égout, et avait des waters sur un balcon, dont la chasse partait…dans la rivière en contrebas.
Quelques travaux rapidement effectués ont remédié à la situation!