L’Institut des sourdes-muettes, sur la rue Saint-Denis
Cette étonnante photographie de 1887, tirée des archives de la congrégation des soeurs de la Providence fondée en 1843, nous montre le site de l’Institut des sourdes-muettes fondé en 1864. La photo présente également une foule de choses et de détails; mais surtout, nous offre un témoignage unique de ce coin de notre quartier en grande partie transformé.
Tout d’abord, pour nous situer, le carrefour que nous voyons sur la photographie est celui des rues Berri et Cherrier; a peu de choses près, tel que nous le connaissons aujourd’hui. Nous voyons à droite l’aile nouvellement construite rue Berri (on lui ajoutera plus tard, dans les années 1950 l’aile de l’Institut Raymond-Dewar, qui prolongera le bâtiment jusqu’à la rue Cherrier.). Les autres bâtiments montrent les édifices originaux érigés rue Saint-Denis, qui regroupaient un pensionnat, un foyer pour sourdes-muettes, des résidences pour dames pensionnaires et un jardin d’enfance. Ces premiers édifices de la rue Saint-Denis furent par la suite démolis pour être remplacés par ceux que nous connaissons aujourd’hui et qui sont maintenant occupés par le CSSSMM. L’Institut fut fermé en 1979. Nous pourrons revenir sur cette oeuvre exemplaire des Sœurs de la Providence.
Si l’on revient à notre photo «témoignage», on y trouve et on y voit entre autres :
Une rare vue du bâtiment originel de l’école Jean-Jacques Olier (à gauche complètement de l’édifice principal de l’Institut) avec sa mansarde en tôle argentée et avant son agrandissement. Les atlas anciens l’indiquent comme étant la «St-Denis Academy». La fonction scolaire y perdure encore aujourd’hui après 130 années d’existence. Récemment, le conseil d’établissement de l’école décidait de modifier le nom de l’école pour le remplacer par «Au pied-de-la-montagne». De nombreuses protestations de la Société d’histoire et de généalogie du Plateau Mont-Royal, et d’une douzaine d’organismes d’histoire et de représentants des médias, auront finalement permis de maintenir le vocable (partiellement).
des rues en terre avec des chemins de pierres pour traverser proprement les jours de puie.
des réverbères au gaz, le long de la rue Cherrier.
Les grands espaces servant de potager à la congrégation et pour les nombreux pensionnaires.
Un bel alignement d’arbres sur Cherrier (aujoud’hui disparu).
Un tout petit «boguey» à deux places, ancêtre probable de notre «Smart».
Un bout de trottoir de bois.
Une haute palissade de bois pour protéger les enfants des «dangers» de la grande ville.
À suivre….
L’épaisse couche de glaise qui recouvre cette partie du Plateau rend le sol très instable, aussi, paraît-il que certaines sections de cet ensemble conventuel reposent sur des pilotis de cèdres ancrés dans le roc à 22 mètres de profondeur.
DubyDub2009 (passion de l’histoire de Montréal sur flickr)
Petit détail d’historien
Bonjour!
Peut-être ne vous l’a-t-on pas dit, mais la foule qui se presse à cet endroit venait assister au «bazar de charité» organisé par l’Institution à l’automne 1887. Cette levée de fonds avait lieu en octobre de chaque année depuis 1873 et contribuait une bonne part des revenus du vaste institut.
On voit également, dans la partie gauche, l’édifice original (érigé en 1864 et agrandi en 1872) suite au don du terrain par Côme-Séraphin Cherrier. Cet édifice fut détruit en 1898 pour faire place à l’aile qui longe actuellement la rue Saint-Denis.
Stéphane-D. Perreault (spécialiste de l’histoire des sourds à Montréal)