Un autre château sur le Plateau
Pouvez-vous imaginer pareille demeure sur la rue Mont-Royal?
Pourtant, c’était bien le cas! Cette villa à l’italienne s’élevait rue Mont-Royal et Garnier, sur la terre de la famille Logan. En fait, c’était la maison de James Logan, troisième descendant du premier occupant de la ferme, le patriarche James Logan, boulanger de Ville-Marie, originaire d’Écosse, qui tomba en amour avec cette ferme offrant ruisseaux et vallons verdoyants qui lui rappelaient les paysages de son Écosse natale. La terre initiale, achetée en 1786, est composée approximativement par le territoire de l’actuel parc La Fontaine. Au fil du temps, la ferme initiale fut agrandie par le famille, pour finalement former un territoire qui allait de Sainte-Catherine à Mont-Royal (rue qui n’existe pas à l’époque) et de Papineau à Amherst.
La famille Logan vend en 1845 la partie de sa terre au sud de la future rue Rachel au Dominion Britannique, qui y aménage des baraquements et des terrains d’exercices militaires. La famille conserve la partie nord du terrain et les fils y aménagent une ferme modèle. Après le départ de la garnison britannique en 1870, la Ville de Montréal amorce l’aménagement du parc Logan, futur parc La Fontaine.
Cette magnifique demeure porte le nom de « Rockfield » et on peut voir sa localisation sur l’extrait suivant (plus bas), du relevé militaire exécuté vers 1869 ( connu sous le nom de « Fortifications Survey »). On y voit la rue Victoria, ou Papineau, et le chemin qui deviendra plus tard la rue Rachel. On y voit également le terrain de la ferme Logan, traversé par un ruisseau formant un fossé prononcé qui deviendra plus tard l’étang nord du parc La Fontaine. On rejoint la villa Rockfield par un long chemin bordé d’arbres, depuis la rue Rachel. On constate aussi que la famille Logan a installé sa demeure en pleine campagne.
Une analyse plus poussée des cartes et atlas du secteur nous montre bien l’implantation de la villa en plein milieu de la rue Garnier (voir plus bas, l’extrait de l’atlas Hopkins de 1879). Les bâtiments de ferme, quant à eux, sont carrément en plein milieu du carrefour Avenue du Mont-Royal et Garnier. Le règlement de la succession Logan sera si long, que l’Avenue du Mont-Royal se développera tout autour, alors que les terrains de la ferme demeureront vacants pendant de nombreuses années.
Sur cette photo de l’Avenue du Mont-Royal, prise depuis l’angle Marquette, on voit à gauche l’espace libre qui était auparavant occupé par le domaine Logan.
Cette réalité explique pourquoi les immeubles du côté sud de l’Avenue du Mont-Royal entre DeLanaudiere (Panet) et Marquette (Seaton) sont d’une expression architecturale plus récente que les immeubles voisins. On y utilise de la brique au lieu de la pierre calcaire. La même réflexion explique pourquoi les bâtiments de la rue Fabre et aussi Garnier, sont d’une facture plus récente. On y voit l’utilisation de la brique d’argile et des décors de maçonnerie, utilisant des éléments de pierre artificielle. Les boiseries très importantes se démarquent aussi du décor plus sobre des autres rues du quartier.
C’est James Logan, petit-fils du James Logan fondateur, qui jette les bases de la ferme modèle et de cette magnifique villa. À son départ, c’est son frère William Edmund, géologue et homme de science, bien connu dans tout le Canada, qui prendra charge des lieux. Il nous reste à préciser le pourquoi et le quand de la disparition de cette demeure.
Wow!
J’attends de trouver des photos de cette villa depuis si longtemps…
D’ ou vient-elle?
Merci!
La maison a été détruite en 1908.
Source de la photo : PA-050934 Bibliothèque et Archives Canada; photographe, T. C. Weston.
On trouve aussi la maison en gravure dans la collection du musée McCord : Gravure sur bois de John H. Walker, MP-0000.25.208, Musée McCord
On peut la voir aussi dans un triste état dans un article de journal : Château Logan, La Presse du 22-03-1904, Albums de rues Massicotte, 2-232-f, BANQ.
Cette maison était située sur Sherbrooke coté sud et Messier!
Cette maison était située rue Garnier (future rue) au sud de Mont-Royal.
Excellent commentaire. En 1854, la province du Canada n’était pas encore un dominion, cela viendra en 1867 avec la Confédération. Sir John A. Macdonald aurait
préféré «Royaume du Canada» mais Londres aurait eu peur d’offenser les Américains.
Jusqu’en 1992 la ville de Montréal louait le parc La Fontaine de son propriétaire, le gouvernement fédéral, pour 10$ par année. Les frais de préparation des documents étaient plus élevés que le loyer. Comme cadeau à la Ville pour ses 350 ans, Ottawa lui offrit donc la pleine propriété. La cérémonie devait avoir lieu au parc mais la pluie la transféra au manège de l’avenue des Pins.
J’y étais.