Mes arbres ! Ces vieux compagnons !
Ils ont été mis en danger une première fois en 1957 lors de la réfection de la rue et de son élargissement. Par la suite, leur nouvelle situation en bordure de la rue les a mis à mal avec les passages répétés des appareils de déneigement, qui leur ont causé des blessures importantes par lesquelles les insectes sont entrés. Mais ils étaient fait solides et résistent encore à ce jour. Toutefois, il y en a un qui a besoin de soins et je crains de le signaler à la ville car j’ai bien peur qu’ils lui appliquent l’aide horticole à mourir. Ça fait quelques fois déjà que la Ville hésite à prendre cette décision. Cela me cause beaucoup de tristesse car j’ai profité de leur présence et de leur ombre toute ma vie.
Je suis également attaché à ces arbres à cause d’une anecdote que ma mère racontait quant à leur origine. Ainsi, au moment où mon grand-père achète cette maison en 1920 et arrive avec sa famille sur cette rue presque neuve, il aurait paraît-il acheté d’un colporteur, pour la faramineuse somme de 75 sous chacun, les deux arbres qui trônent devant notre maison depuis plus de cent ans. Cette fabuleuse histoire n’a donc pu faire autrement que de me connecter presque viscéralement avec ces deux arbres (je vous ai déjà dit que ça ne prenait pas grand chose pour me faire planer). Nous avons donc vieillis ensemble; en toute amitié.
Mais, même les plus belles histoires ne sont pas toujours magiques !
L’installation est faite dans les parterres entre les deux triplex de l’avenue Christophe-Colomb où je demeure, avant que les escaliers droits d’accès aux logements des étages ne soient refaits dans les années 1940 (on verra une photo plus loin). Mon grand-père était membre de la Congrégation des hommes du Très Saint Sacrement et comme il était menuisier, il doit s’être proposé pour prendre charge de ce reposoir. Il possédait les deux maisons en 1923.
Mais revenons à mes arbres.
Si vous portez attention à cette photo de reposoir, vous allez voir un tout petit arbre à la gauche de la photo. Un petit arbre dans sa boîte protectrice en bois. Voilà vraisemblablement un arbre qui a pu être acheté par le grand-père 6-7 ans plus tôt. Cet arbre, qui existe toujours, est celui qui est situé au plus près de Mont-Royal (à gauche sur la photo contemporaine en début d’article). Donc la légende est plausible. Il nous faudra d’autres preuves, quand même, pour la vérifier convenablement.
Voilà donc que je trouve une autre photographie de la maison en 1945 (20 ans plus tard). Le grand-père vient de refaire les galeries et escaliers de la façade et comme il doit être fier de son oeuvre, il prend une photo. On y voit les deux arbres en question (points rouges) et …Ô déception ! les deux arbres ne sont évidemment pas du même âge. Celui au sud est plus vieux que l’autre; fin triste de ma légende ! Il y a une très bonne différence entre les deux. Le plus vieux a dû être planté au moment de la création de la rue; il serait donc bien plus que centenaire.
Ils nous accompagnent toujours aujourd’hui, plus de cent ans après leur plantation . La photo couleur date de 2020 (44 ans plus tard) et nous montre que les troncs ont encore grossis. L’escalier est complètement caché par le tronc maintenant; même chose avec la grande fenêtre de la maison voisine plus au sud.
Ces vieux flibustiers des rues du Plateau nous bravent toujours et encore, même avec leurs jambes de bois et leur cache-oeil. Ce sera bien triste lorsqu’il faudra les abattre!
Merci Gabriel, ton billet est rafraîchissant de simplicité et pourquoi pas s’intéresser à ce qui est si près et si vivant; je n’ai pas eu ce parcours d’immobilité qui fut le tien, mais il y a cet arbre contre chez moi, protégé en quelque sorte par les demeures qui l’entourent et que j’ai baptisé mon vieux têtu, lui consacrant au moins un poème…
L’automne, ses feuilles sont toujours indécises entre abandonner la robe verte et porter une robe rouge…ces géants sont bien vivants à mes yeux et ça me chagrine de les voir tomber sans raison valable… peut-être que le plus jeune des tes faux jumeaux possèdent des racines plus gourmandes qui ont augmenté sa taille plus rapidement
Bonjour Gabriel!
… le prof avait laissé traîner son ” Livre du maître ” !
J’ai juste eu le temps d’y trouver la réponse ! … pas lire l’explication!
Et puis, vous faites des contre-vérifications et jugez de ce qui est publiable ?
Bon! … explication générique: …dans l’ancien temps, les familles faisaient publier : “le défunt laisse dans le deuil : …” et sur la BAnQ numérique c’est facile alors de trouver une des combinaisons gagnantes quand on nous fourni les prénoms de plusieurs membres d’une famille, comme ici.
Je crois que monsieur voulait juste vous ” saluer ” et non pas obtenir l’adresse! ou avoir une réponse qui deviendrait une ” généalogie”. J’ai ça si ça intéresse…
de recevoir une douzaine de coupures de presse… j’ai ça!
Salut bien!
Merci Gabriel pour ces beaux textes et ces partages de l’histoire familiale, religieuse de notre ville empruntés de sensibilité si touchante!
Avec Gabriel même les arbres font partie de l’histoire du Plateau!
J’espère que la Ville va oublier de leur appliquer l’AHM (ou l’Aide Horticole à Mourir) !
J’adore ces histoires vécues et personnelles du Plateau-Mont-Royal lorsqu’elles sont racontées par ceux qui l’habitent et qui l’ont habité, leur parcours historique et leur généalogie font un bon mélange
Les maires avaient droits à 2 lampadaires éclairés aux frais de la ville et toi Gabriel, tu auras droit à 2 arbres.
Quelle belle histoire! Le dessin d’Ernest Neumann est un bel hommage à ces arbres.
Parlant de Camillien, il était présent à la procession de 1928. Est-il besoin de rappeler qu’il demeurait rue Saint-Hubert au sud de Mont-Royal.
… le reposoir?
La presse, 1884- (Montréal), 5 juin 1928, mardi 5 juin 1928
((( le défilé a eu lieu jeudi le 07 juin 1928 )))
Le devoir, 8 juin 1928, vendredi 8 juin 1928
Jean-Paul, si tu as trouvé une photo de ça dans le journal, tu mérites la médaille d’or des chercheurs.
J’ai hâte d’aller faire cette recherche.
Bonjour Gabriel, … hélas, pas de photo!
Par ailleurs, as-tu des souvenirs de la grippe asiatique de 1957-1958?
Avoir la date exacte est déjà un beau cadeau! Merci Jean-Paul. Pour la grippe asiatique, je me souviens du phénomène mais pas plus que ça; c’est curieux. Je vais apporter les corrections à mon texte avec ta trouvaille.
C’est une très belle histoire que nous conte Gabriel, j’aime aussi cette avenue Christophe-Colomb car ma belle mère Bernice Ross y a vécue de 1944 à 1948. Elle y demeurait avec ses 3 sœurs, Béatrice-Marthe infirmière à l’hôpital Notre-Dame, Lucienne, Germaine et ses 2 frères, Eddie Ross le boxeur champion du Canada et Nelson.
Le seul repère qu’il nous reste c’est qu’ils demeuraient entre l’avenue du Mont-Royal et la rue Marie-Anne.
Quelqu’un se souvient-il d’eux?
Gérard
Je n’ai pu retrouver le nom de Ross sur cette section de CC. L’annuaire Lovell indique le nom du «chef ou cheffe de famille». Cela prendrait le nom du mari ou du père ou de la personne responsable du loyer. Ce nom me dit vaguement quelque chose, pour l’avoir déjà entendu par ma mère.
le 4369 ! … familles Delorme
C’est bien beau tout ça Jean-Paul, mais il faudrait bien expliquer ta démarche pour en arriver là! Dans le temps à l’école on disait CQFD.