Le ballon panier au Centre Immaculée-Conception
Robert Cédilot poursuit la fouille minutieuse de sa mémoire pour nous relater des souvenirs sur des moments inoubliables, alors qu’il prenait part à la vie du centre de loisirs Immaculée Conception dans les années 50.
Ayant découvert le ballon panier durant mes années de collège, je me suis joint à un groupe d’hommes de tous âges au Centre Immaculée Conception. Nous nous retrouvions une ou deux fois par semaine dans le gymnase pour pratiquer ce sport en amateurs, formant des équipes selon le nombre de participants présents.
Cependant, à mon grand étonnement, je ne voyais aucune fille pratiquer ce sport. Fort de mon expérience, j’ai donc décidé d’inviter les jeunes filles que je croisais lors des autres activités du Centre. C’est ainsi que le ballon panier pour les filles a vu le jour au Centre Immaculée-Conception. Parmi les premières recrues, on retrouvait Michèle Tessier, Nicole Jacob (notre coach), Diane Chagnon, Nicole Bergeron, Monique David, Denise Desautels, Louise Demers, Louise Pelletier, et Louise Fecteau.
Rassembler une dizaine d’adolescentes d’environ quinze ans ne fut pas difficile. Bien qu’aucune d’entre elles n’ait jamais tenu un ballon, elles se laissèrent séduire par un sport sans contact physique direct mais exigeant en habileté et créativité. Les débuts furent laborieux, mais peu à peu, elles découvrirent que ce sport leur convenait parfaitement. C’est dans une ambiance joyeuse qu’elles apprirent les nombreuses techniques et astuces. Par exemple, sur cette photo, on peut voir Monique David se lancer à l’attaque, assistée de Nicole Jacob.
[ Monique David se souvient :
Quelle belle époque fut ces années de sport. Nous étions jeunes et pleines d’énergie. Le ballon-panier nous apportait beaucoup de plaisir et aussi de belles rencontres avec les membres de notre équipe. Nous avions peut-être un instructeur sévère …mais juste ! Robert savait nous partager son intérêt à vouloir découvrir toutes les subtilités de ce sport. Il partageait avec nous le goût d’apprendre rapidement et surtout son ambition à gagner! De belles années inoubliables de notre jeunesse ! ]
En tant qu’instructeur, j’étais comblé de voir l’enthousiasme de ces jeunes filles. Rapidement, je pus envisager de les faire affronter les équipes du Plateau-Mont-Royal. Malgré des débuts difficiles, notamment contre les équipes anglaises du Western Boys Club et de l’Eastern Boys Club, plus expérimentées, je leur faisais comprendre l’importance d’observer attentivement les adversaires. Cette observation vigilante leur permit de progresser rapidement et, après deux ans, nous étions presque au niveau de nos concurrentes. Un jour, nous remportâmes notre première victoire par un point, contre la meilleure équipe de la ligue !
Alors que nous avions enfin franchi la barre des 30 points, nous tirions de l’arrière 33 à 32 avec seulement 25 secondes à jouer dans la zone adverse. Je demandai un temps d’arrêt et réunis rapidement les cinq joueuses. Louise Fecteau fut désignée pour la mise en jeu, avec pour mission de passer le ballon à Monique David, notre meilleure passeuse, tandis que Louise Demers, notre meilleure marqueuse, se positionnait seule face au panier. Après quelques secondes de préparation, elle fit un lancer parfait, nous donnant une avance de 34 à 33. Je leur demandai alors de rester proches de leurs adversaires pour les ralentir, ce qui nous permit de conserver notre mince avantage jusqu’à la fin du match. Cette victoire, bien que remporte par un seul point, fut une immense fierté ! Et que dire de ce match à Québec contre le Patro de Québec, une équipe de filles grandes et expérimentées, où nous avions perdu, mais où nous nous étions consolés en assistant à la parade du Carnaval de Québec.
[ Michèle Tessier se souvient de ce moment et raconte :
Comme j’étais encore étudiante, j’ai demandé à la religieuse responsable de la classe, d’avoir congé de devoirs et de leçons puisque je n’aurais guère le temps ; malheureusement, ce fut un véritable scandale, j’étais pour aller à Québec avec un instructeur masculin (malgré le jésuite qui nous accompagnait pour s’assurer de notre bonne conduite). Ma mère a dû s’en mêler et je ne sais pas ce qu’elle a dit ou fait, mais elle m’a dit : « non seulement tu vas à Québec mais tu as ni travaux ni études à faire, et tu n’auras pas de conséquences non plus ». Rendues à destination, les 8 membres de l’équipe féminine avons réservé une chambre d’hôtel avec 2 lit doubles, faut pas oublier que nous étions pour la plupart des étudiantes, donc pas très riches. En se couchant à 4 par lit, on a en brisé l’un d’eux. Donc 2 filles se sont cachées dans les toilettes, et 2 autres sont descendues à la réception pour annoncer le bris du lit en question. Le tout s’est promptement résolu et nous avons pu nous coucher. Ce fut un voyage mémorable!
J’ai eu la chance de fréquenter le Centre Immaculée-Conception et d’avoir eu des entraîneurs comme Robert Cédilot; celui-ci a su nous inculquer les rudiments du ballon-panier dans une ambiance d’amitié et de respect. J’en garde un très beau souvenir.]
Sur cette photo, nous étions dans le train, en pleine partie de cartes, en route pour Québec.
Cette expérience de coaching au Centre Immaculée Conception fut l’une des plus enrichissantes de ma vie. Voir ces jeunes filles évoluer, apprendre, et finalement triompher sur le terrain fut une source de grande fierté. Non seulement elles ont découvert un sport qui les passionnait, mais elles ont aussi acquis des compétences et des valeurs qui les accompagneront toute leur vie. Cette première victoire, bien que remportée par un seul point, symbolise leur détermination, leur persévérance et leur esprit d’équipe. En fin de compte, le ballon panier au Centre Immaculée Conception est devenu bien plus qu’un simple jeu : c’était le début d’une aventure collective riche en souvenirs et d’un apprentissages précieux.
Chaque mois, partons pour un voyage captivant à travers les pages du passé du centre de loisirs Immaculée-Conception, plongez avec nous dans les souvenirs d’enfance de Robert Cédilot avec ses prochains articles.
À suivre.
© SHP et Cédilot Robert, 2024
Photos : John Taylor et Robert Cédilot.
Index des capsules de mémoire de Robert Cédilot
Bravo et merci M. Cédilot !
Cette année aux Olympiques, la parité hommes-femmes était presque atteinte. On y arrive!
Le témoignage de Mme Tessier décrit bien la situation des jeunes filles à l’époque. Elle a eu une mère progressiste.
Qu’on le mentionne en français ou en anglais ce sport reste celui qui à mon humble avis est le mieux adapté par la majorité femme ou homme de tous les âges et de par ses qualités de développement à plusieurs égards et surtout sans violence.
Merci à vos tous !
Si je ne me trompe pas le ballon panier, c’est l’affaire d’un canadien, mais se sont les américains qui ont propulsé ce sport vers leur gloire.
Je dirais plutôt d’un canadien français. 🙂
En bon français, je ne connaissais pas du tout le terme de ballon panier et j’ai compris que ce terme utilisé au Québec désignait le sport que l’on connaît internationalement sous le nom de Basketball (sport inventé en 1891).
Félicitation pour votre beau et bon travail M. Pasquini sur ce dernier article du blogue. Pour ce qui est du ballon panier si vous suivez les jeux olympiques de Paris vous réaliserez que le terme français est très souvent utilisé.
Bonjour à tous !
Quelle belle époque fut ces années de sport. Nous étions jeunes et pleines d’énergie. Le ballon-panier nous apportait beaucoup de plaisir et aussi de belles rencontres avec les membres de notre équipe.
Nous avions peut-être un instructeur sévère, mais juste ! Robert savait partager avec nous, son intérêt à vouloir découvrir toutes les subtilités de ce sport. En plus, il partageait avec nous le goût d’apprendre rapidement et surtout son ambition à gagner!
De belles années inoubliables de notre jeunesse.