Septembre 2001 – Hommage à Sablon
50e anniversaire de la fondation du Centre-Immaculée-Conception
Septembre 2001
Hommage au père Marcel de la Sablonnière par Lise Corbeil-Robin
Comment aurais-je pu prévoir en cet été de 1946, lors de ma première rencontre avec le père Marcel de la Sablonnière s.j. au parc Lafontaine, que la grande aventure et l’apprentissage de ma vie débutaient.
De stature imposante; très grand, longue robe noire, immense chapelet enroulé autour d’un large ceinturon, le tout couronné d’un chapeau colonial. L’ensemble en faisait déjà quelqu’un de spécial. C’était le nouvel aumônier des terrains de jeux. Déjà, son sourire engageant et sa facilité d’approche nous permettaient les pires taquineries. Par la suite, je le retrouve enseignant le catéchisme dans les écoles du quartier ainsi que les autres prêtres jésuites de la paroisse.
Puis en 1951 le grand événement : la fondation du « Centre paroissial Immaculée-Conception » tout juste en face de chez moi. Imaginez ma chance. Désormais, le centre et mon domicile ne feront plus qu’un et à partir de ce moment ma vie n’a jamais cessé d’y être associé.
En ce temps-là, j’étais un peu rebelle, comme d’autres du quartier d’ailleurs et je crois que Sablon avait décidé que les rebelles il en faisait son affaire. Débutant par le balayage de son bureau et quelques autres petites tâches, faut croire que j’avais du talent, car je fus bientôt promue folkloriste. Si vous croyez que j’avais le choix, détrompez-vous, ce que Sablon voulait Dieu le voulait. Ce qui ne veut pas dire qu’une fois impliquée je n’y ai pas trouvé un immense plaisir. Mais il n’allait pas s’arrêter en si bon chemin, badminton, ping-pong, natation, ballon-volant, ballon-panier, escrime et ski, rien de moins. Le sport formait la jeunesse et j’allais être formée. En ce temps-là, le vedettariat n’existait pas l’important c’était la pratique des sports. Fort heureusement pour nous tous. De plus, il y avait la préparation et l’organisation de tous les événements qui avaient lieu au Centre : réunions multiples, banquets, réceptions, campagnes de financement. Le personnel rémunéré n’existait à peu près pas alors, il fallait bien que quelqu’un le fasse et comme chantait Diane Dufresne : « Faut qu’y en ait une qui l’fasse puis j’donnais pas ma place ». Rencontrer le maire Camilien Houde, Maurice & Henri Richard, le Cardinal Léger, des politiciens, des hommes d’affaires de tout acabit était chose courante. Il fallait s’habituer à côtoyer et à bien recevoir les gens dans toutes les circonstances possibles. Vous croyez que c’était suffisant? Pas Sablon. Il restait tout le côté culturel. Ciné-club, théâtre, musique, classique il va sans dire, etc. Ouf! Je n’en verrais jamais la fin. Dans les années 1955-60 on n’allait ni au théâtre ni au concert, alors imaginez tout jeune que nous étions, voir et entendre Yehudi Menuhin, Renata Tébaldi, une troupe de comédiens français venu à Montréal présenter du théâtre classique pour la première fois! Sablon disait que nous devions nous ouvrir à la culture et il prenait les moyens. Il emmenait avec lui, quelques fois bien malgré nous, tous les jeunes qu’il pouvait à ces spectacles. Nous ne connaissions pas notre chance. Mais quelle famille nous formions et quel bonheur nous éprouvions. Des liens d’amitié indissolubles se sont créés. J’en connais plusieurs ici ce soir qui pourraient en dire autant. Les gens à la table du G6 : Claire & René, Lise & Gaston, Jeannot & Jean-Claude.. sont là pour en témoigner.
Si dans la vie j’ai pu; animer, organiser, créer et diriger sans réserve, c’est que Sablon a toujours su stimuler, motiver les gens autour de lui, sans aucune discrimination des sexes. Il avait le don de dévoiler et de dynamiser chez chacun d’entre nous les capacités et les qualités qui nous habitaient. Il n’avait jamais peur de remercier, féliciter, encourager nos efforts et même les susciter. Pour lui un bénévole c’était la chose la plus importante qui soit. Chaque personne qui le rencontrait se sentait importante, unique et n’avait qu’un seul but, se dépasser.
Sablon était :
Un homme de foi : foi en Dieu et foi en la force de la jeunesse.
Un homme de partage : il partageait tout, ses biens, ses connaissances, sa culture, mais encore, toute sa vie.
Un homme de respect : respect de l’être humain quel qu’il soit. Pour lui, tout commençait par le respect. Devant lui, on s’inclinait, non pas qu’il fut dictateur ou séducteur, mais tout simplement parce qu’il nous respectait telle que nous étions.
Un homme heureux qui dégageait la force et la joie de vivre.
Pour tout ceci : merci Sablon, mille fois merci.
© SHP et Lise Corbeil-Robin, 2024
Bel hommage !
Merci
J’ai bien connu votre frère.
Chanceux, vous habitiez en face
Que de belles années!
Je n’ai pas connu personnellement le père de la Sablonnière ni fréquenté le centre IC. Cependant, je trouve votre témoignage touchant et bien écrit. Bravo!
J’avais participé à un tournoi de ping-pong en 1958 ou 1957, je ne m’en rappelle plus. J’étais bon du moins je le croyais… J’ai été éliminé au premier tour, mais je suis resté jusqu’à la finale pour voir le gagnant qui, la main ensanglantée tenait encore sa palette.
Beaux souvenirs.
Mon seul souvenir du centre Immaculée-Conception, c’est qu’il y avait de la danse le dimanche après-midi et c’était le fun.
Je me demande si les danses du dimanche après-midi dont vous parlez étaient de la danse sociale et si elles étaient organisées par une association ou un groupe spécifique ?
Si c’était le cas, cela devait être un excellent endroit pour faire de belles rencontres !
Merci d’avance pour vos éclaircissements.