Les « gondoles » du Parc LaFontaine (second volet)
La révolution Claude-Robillard
Il y a eu les périodes avant et après 1949 alors que cet ingénieur-poète a réaménagé le parc LaFontaine (et tout le Montréal récréatif) de fond en comble (chalet, théâtre de Verdure, la Roulotte, patinoire réfrigérée, Jardin des Merveilles, jeux d’enfants, etc.). Qu’on ait donné son nom au complexe sportif inauguré lors des Jeux de ’76 représente un très modeste hommage à ce géant qui voulait donner plus de place aux citoyens et à l’enfant d’abord dans des espaces qu’il voyait comme des poumons de plein air.
Un nouveau chalet-resto fut inauguré par le maire Camilien Houde en 1951. En béton et briques, l’édifice comportait un large entrepôt pour les embarcations (canots et chaloupes) et deux gondoles revampées. Pendant les deux décennies suivantes ce sera l’Âge d’or de cet étang. Cette nouvelle version post « serpent de mer » accueille une cinquantaine de passagers. L’absence de bastingage (parapet) coté tribord facilite l’embarquement.
Gros dimanche au parc : des gens partout sur la pelouse. Terminées les automobiles. La fausse cabine de pilotage et le rail supérieur ont grossi. Le capitaine arbore une casquette et la gondole un drapeau en poupe. On remarque que les arbres prennent de plus en plus de volume avec les années.
6 juillet 1970 La sixième et dernière version, celle des années fin 60, est à mon avis la plus réussie. Question de sécurité, le modèle est plus compact, la roue à aube est remplacée par une réplique latérale qui n’est rien d’autre qu’un coffrage. Sur le toit, on remarque les canots de sauvetage cosmétiques, deux cheminées, une plaque pour le nom et une cabine de pilotage à échelle humaine : le franc bord augmenté est plus sécuritaire. Le moteur est bien en vue et semble être un 40 forces. Trente-sous pour les petits (0,25 cents) et un écu pour les adultes (0,50 cents).
Le puisard à droite servait à régulariser le niveau de l’étang, selon les pluies ou l’évaporation estivale. Avec les années, on installera une balise maritime indiquant à bon escient l’obstacle. Le poste de conduite est un petit podium qui permet de mieux observer tout autour. Le capitaine ne porte plus de casquette et semble fort à l’aise appuyé sur le bastingage.
Anecdotes : dans les années ’60, je demeure sur Chambord près de Rachel et un très bon ami de collège, Jacques, demeure Duluth et Parc LaFontaine. Son travail d’été consiste à piloter une de ces gondoles. Vous dire le nombre de tours d’étang que j’ai faits ne se compte pas. J’ai servi de moussaillon quand on accostait au quai. J’ai déchiré des tickets d’embarquement.
Les consignes du capitaine avant le départ étaient les suivantes : mot de bienvenue. Aucun enfant ne peut prendre place coté tribord (coté ouvert) et il est interdit de se lever pendant la randonnée.
J’ai été témoin de week-ends où l’action n’a pas manqué. Des jeunes en canot qui voulaient se faire remorquer en s’agrippant au bateau. Ou d’autres qui paniquaient, se retrouvaient carrément devant la gondole, criaient à tue-tête ayant peur d’être frappés (Il n’y avait pas de ceintures dans les embarcations et maximum 4 pieds de profondeur). Jacques devait donc surveiller sans cesse, lancer des avertissements, zigzaguer sinon ralentir pour les incompétents, mais pour les passagers la croisière était le plus beau voyage.
Objets oubliés (ou tombés à l’eau) : appareil photo, chapeaux, portefeuilles, sac à mains, pique-nique, etc.
Moments tendres : quand des ti-culs sans le sou regardaient avec envie les voyages se répéter, il est arrivé de les faire monter gratis ! Même leurs yeux souriaient.
L’ennemi imprévu : une bourrasque de vent lors du virage en U au bout de l’étang poussait la gondole très près du trottoir.
Epilogue
La belle épopée des gondoles a pris fin avec les années ’70. On imagine difficilement comment on pourrait aujourd’hui reprendre cette activité tellement les normes de sécurité ont évolué.
© SHP et Michel Poirier-Defoy, 2025
Crédits photos : archives de Montréal, Y. St-Jean, MPD
Collaboration : Gabriel DeschambaultCrédit photos : archives Canada et Montréal, BanQ
Note : si vous désirez poursuivre le voyage en vidéo. Deux films de l’ONF sont disponibles et gratuits : Au Parc Lafontaine de Pierre Pétel (6 minutes) et La mémoire des anges de Luc Bourdon (1h20)
CPA du parc LaFontaine – Le lac
Index des capsules de mémoire de Michel Poirier-Defoy
Cela nous ramène en arrière, oui à la période des années 60 qui fût une belle période. J’allais voir les artistes tourner ce qu’on appelait des interludes musicaaux à la télé grimpé sur le toit de petit bâteau René Angelil et Labelle et Beaumle et autres c’était une chance de voir les vedettes de l’époque yé yé.
Nous avons une chance inestimable d’accueillir parmi nous Michel Poirier-Defoy, dont la plume sensible nous offre une histoire inédite et captivante des « gondoles » du parc LaFontaine.
Je ne peux m’empêcher de penser à feu Richard Ouellet, notre président-fondateur, qui aurait certainement pris grand plaisir à découvrir ces lignes empreintes de mémoire et de poésie.