Boulevard Saint-Joseph
On voit ici une magnifique photographie du boulevard Saint-Joseph, prise à l’intersection de Saint-Dominique et regardant vers l’ouest; on distingue les maisons du boulevard Saint-Laurent sous les arbres. À la droite de la photo on voit ce qui est aujourd’hui le parc Lahaye, en face de l’église Saint-Enfant-Jésus-du-Mile-End. Il faut se rappeler que le boulevard Saint-Joseph (tout comme «Park avenue»; voir le fil «l’avenue du Parc au tournant du siècle») était une rue très prestigieuse pour Ville Saint-Louis, anciennement Saint-Louis-du-Mile-End.
On voit un mail central planté d’une double rangée d’arbres et parcouru par un trottoir qui devait faire bel effet lorsqu’il était frais et ombragé en plein cœur de l’été. Nous sommes à ce moment en banlieue de Montréal (probablement une banlieue chic) et la publication mentionne «the north end» en relation avec la localisation de la photo.
Nous sommes au tournant du siècle dernier et cet aménagement assez exceptionnel est en même temps relativement restreint. En effet, le tronçon d’origine du boulevard Saint-Joseph se limitait à ce moment entre le boulevard Saint-Laurent et la rue Robin (l’actuelle rue Henri-Julien). Une sorte d’écrin, pour faire honneur à cette proximité avec l’église, qui compose alors le véritable centre civique de ville Saint-Louis. Plus loin, sous le nom de rue du Palais, le futur boulevard se poursuit au-delà de Saint-Denis et jusqu’à Berri. L’extrait suivant de l’atlas Goad, nous montre la situation telle qu’elle existait en 1890. On constate que le boulevard ne se prolonge pas vers l’ouest au-delà de Saint-Laurent. Les rares constructions du quartier sont également concentrées principalement sur Saint-Denis et surtout sur des Carrières (Berri). C’est là que se trouve le noyau villageois du village de Côteau-Saint-Louis. La plupart des terrains du quartier sont lotis, mais pas encore construits.
Notre photo originale présente donc plutôt la situation ultérieure à 1903, où le boulevard est déjà prolongé vers l’ouest jusqu’à Parc.
Encore une photo inédite du boulevard, extraite du journal «The Gazette», dont la vignette parle d’elle-même; …«Le boulevard Saint-Joseph en 1961, avant que les arbres soient coupés afin d’augmenter la capacité du trafic»..
L’image est très éloquente quant à la qualité esthétique de cet aménagement original. Un mail de 28 pieds remplacé par un en béton, de 4 pieds de largeur; quel progrès! Cet aménagement arboricole n’existait qu’entre «Park avenue» et Henri-Julien.
Pour la partie plus à l’est, le mail était aussi large, mais ne comportait pas d’arbres; seulement des aménagements gazonnés et des arbustes. (ici à la rue Marquette vers l’ouest). On peut voir le boulevard dans les années 1920 avec la complétion des clochers de l’église Saint-Stanislas-de-Kostka, d’après les plans des architectes Alphonse Venne et Dalbé Viau. Le boulevard fut complété vers 1930 jusqu’à Fullum et construit plus complètement vers 1940.
Quand j’étais enfant, il y a un samedi dans l’année, qui était sacré; c’était celui de la parade du père Noël du magasin Eaton, qui passait sur Saint-Joseph. La parade était préparée dans les grands entrepôts Eaton de l’avenue Mont-Royal et Parthenais (démolis pour laisser place à Mont-Royal Ford) et se dirigeait vers le magasin du centre-ville. Grâce à la parenté d’un concierge, on se rendait en famille dans une classe de l’école Bruchési (on la distingue à gauche de la photo au-delà de l’église) pour apprécier ce spectacle mémorable.
Quant au boulevard aujourd’hui, dites-vous bien que l’arrivée de l’automobile a été un grand fait de l’humanité et un apport inestimable à la civilisation.
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