École primaire Saint-Stanislas
Robert Caron, notre ami, a rassemblé une multitude de souvenirs dans un vaste sac en papier brun. En les brassant avec soin, il les a fait surgir, chacun étant une petite capsule de mémoire qui émerge parfois lors d’une balade dans le vieux quartier ou au creux de notre esprit. Il suffit de les lire les uns après les autres, sans chercher de lien particulier entre eux.
En septembre 1957, mes premiers pas à l’école m’ont conduit à l’institution Paul-Bruchési, un lieu choisi pour moi. Cependant, mon séjour y fut bref, ne durant que deux semaines avant que je ne sois relocalisé à l’école primaire Saint-Stanislas. Ma sœur, quant à elle, a débuté son parcours scolaire à Paul-Bruchési en 1959. Lorsque nous avons quitté le quartier en 1965, elle fréquentait alors l’école des Saints-Anges, transformée aujourd’hui en condos.
Parmi les souvenirs gravés dans ma mémoire, les vaccinations contre la tuberculose et la polio occupent une place particulière. La garde-malade de l’école semblait prendre un plaisir malicieux à égratigner nos dos lors de ces séances médicales.
Trois figures marquantes animaient l’école :
• le frère directeur, parfois distributeur de bulletins,
• le frère assistant, conteur d’histoires,
• et enfin le préfet, une figure imposante qui suscitait l’effroi général. Son fruit préféré était la « banane » et j’en connais qui en ont bouffé d’la banane !
Les visites des inspecteurs, des messieurs impeccables dans leurs habits, qui semblaient détenir un pouvoir absolu sur l’école. Les maîtresses s’effaçaient devant eux, laissant planer l’impression qu’ils détenaient le droit de vie ou de mort sur toute chose mouvante dans l’établissement. La remise des bulletins, accompagnée des paroles rituelles, créait un stress palpable, même si curieusement, les derniers de classe semblaient moins inquiets que les premiers.
Un progrès significatif se produisait à chaque rentrée de septembre. Les planchers de bois des classes et des couloirs, ternis au fil des mois, semblaient tout neufs en début d’année, tout comme les pupitres que nous avions soigneusement sablés pendant les vacances d’été. L’apparition de casiers fermés et de planchers de tuiles de vinyle représentait une modernisation bienvenue.
En 1959, l’avènement de nouveaux pupitres équipés de couvercles mobiles marquait une révolution, rendant les prises de photo de groupe plus pratiques. Les visages capturés par le photographe d’Allard pour la postérité révélaient une mosaïque d’expressions, certains visages se perdant dans la mémoire, car étrangement, il n’y avait jamais eu de photos à Paul-Bruchési et aux Saints-Anges.
En 7e année à Saint-Stanislas, j’eus l’honneur parmi d’autres de devenir brigadier pour aider les autres écoliers des écoles Paul-Bruchési et Saint-Stanislas, à traverser le boulevard Saint-Joseph, et le tout symbolisé par le port d’une fière ceinture blanche. L’école occupait une place centrale dans nos actes de dévotion, participant à des processions religieuses et à des messes quotidiennes durant le Carême.
Les 25 cents versés à la Petite Enfance étaient soigneusement compilés, contribuant au bonheur de la Congrégation. Bref, on achetait des p’tits Chinois. On pourrait même affirmer que c’était la compétition entre les élèves pour atteindre les objectifs.
Les attentes en ligne pour se confesser le premier vendredi du mois étaient teintées de péchés inventés sur mesure pour la circonstance.
En 7e année, j’ai fait partie des Croisés, tandis que les années 60 m’ont vu fréquenter des ateliers de bricolage avec ma sœur près de la rue Rivard le samedi. Mme Cartwright, maîtresse d’école à Saint-Stanislas, demeurait la terreur de tous les élèves, avec son allure rappelant étrangement Mme Bec-Sec de la Boîte à Surprises.
En mai 1965, mes parents ont déménagé dans le nord de Montréal. J’ai ainsi terminé ma 8e année à l’école Saint-Stanislas et entamé ma 9e en septembre de la même année à l’école secondaire Mgr-Georges-Gauthier, à l’angle de Saint-Hubert et Gouin.
Et voici, pour les plus nostalgiques la liste des maitresses d’école et des maitres, rencontrés pendant mes années passées à l’école primaire Saint-Stanislas, rue Gilford (Manque 1964-1965 : 8 ième : Avec le frère Maurice Bouchard, FIC).
Cette toile sur la photo est celle peinte par le frère Charles Tessier que le frère Michel Gravel a bien sûr connu.
En ce mois de novembre 1963, cette même télé de la photo, nous a permis de regarder les moments de l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy.
Chaque mois, pour un voyage captivant à travers les pages du passé, plongez avec nous dans les souvenirs d’enfance de Robert Caron avec ses prochains articles.
À suivre.
© SHP et Caron Robert, 2024
Photos : Caron Robert,
Index des capsules de mémoire de Robert Caron
Bonjour.
Petite précision.
L’épicerie Soucy était situé au coin de Gilford et Fabre: du côté Nord-Est.
La buanderie chinoise a été un certain temps, du côté Nord-Ouest.
Notre famille vivait au 2e étage: 1581 rue Gilford.
Un vif merci pour cette précision.
Merci pour vos textes toujours rafraîchissants et qui m’inspirent. Vous avez probablement croisé mon frère au primaire. Au plaisir!
C’est bien possible; il est peut-être présent sur une des nombreuses de photos de classe que je possède.
Chaleureusement.
Robert Caron
Mes photos de classe sont maintenant publiées; vous pourriez y identifier votre frère.
Je partage avec vous les doux plaisirs de des souvenirs.
J’ai fréquenté l’école Paul Bruchési dès 1960. La directrice s’appelait Jeanne-D’Arc Latour. Ma prof de première année s’appelait Thérèse Falardeau. J’ai encore quelques bulletins de cette époque.
5ième année à l’école des Saints-Anges. Je demeurais au 4830 Chambord tout juste en face de l’école Paul Bruchési et l’école Saint-Stanislas. Mon grand-père a été sacristain de la paroisse durant 25 ans et ce jusqu’à son décès accidentel en décembre 1969. J’ai également été Croisée. Mes grands-parents paternels demeuraient sur la rue Gilford non loin de l’épicerie Soucy.
L’épicerie Soucy, près de Marquette, je crois. Le père d’un copain d’école y travaillait et était apparenté dans mon souvenir au propriétaire de l’épicerie.
Ma soeur Jocelyne a débuté sa première année à Bruchesi en septembre 1959 et a poursuivie aux Saints-Anges
Est-il vrai qu’il n’y avait pas de photos scolaires pour les filles à Bruchesi ou à des Saints-Anges ?
J’ai très certainement croisé votre grand-père car l’église était le centre de nos manifestations religieuses
Au plaisir
En ce qui me concerne je n’ai aucune photo scolaire de cette époque.
Mes grands-parents paternels demeuraient au 1599 Gilford (près de Marquette).
Notre collaborateur Robert Caron n’est pas chiche de ses souvenirs et ils sont toujours aussi savoureux. J’inviterais encore Robert Pilon a récidiver avec ses souvenirs. Son texte sur l’épicerie du grand-père était excellent et ce serait plaisant de le lire à nouveau. J’ai hâte de lire la suite des «aventures» de Robert Caron.
C’est toujours un plaisir de vous lire, raconter votre vécu dans de différentes étapes de votre vie le milieu scolaire. Moi, mes souvenirs scolaires de Montréal se limitent à une école du Plateau Saint-Pierre-Claver de mai 65 au printemps 66, aux Frères de l’Instruction Chrétienne, à quelques retenues, au frère Armand directeur et discipline, au frère Claude pour la botanique, au frère Jacques titulaire qui plus tard s’est défroqué. En pleine crise d’ado, c’est là que je suis moi-même parti.
Pour ce qui est de la “strappe”, oui on appelait ça recevoir la “banane”.
Excellent témoignage !
Pauline Morier
Je suis toujours impressionné par la mémoire phénoménale de certains qui se souviennent d’autant d’anecdotes de leurs études au primaire.
On a eu le même cheminement scolaire. Je croyais être le seul à se souvenir de ma première professeur, Mlle Sylvestre, mais non. En plus, j’ai à mon c.v. de St-Stanislas, enfant de choeur et enfant de la chorale, dirigée au début par le frère Jean-Marie Bernier et remplacé par le frère Michel Gravel. Il y a eu aussi le frère Duval, qui s’occupait du comptoir d’articles scolaires où l’on pouvait acheter crayons, papier et autres. Beaux souvenirs, merci!
Je possède ma photo de classe de 1iere année avec Mme Sylvestre. Je vais l’envoyer pour publication dans le blog. Cela vous rappellera sans doute de beaux souvenirs.
Pour la deuxième fois je note que la ‘’strappe‘’, plus familièrement appelée la ‘’banane‘’, instrument de châtiment hautement redouté et symbole incontesté était quelques fois de rigueur (dans le temps heureusement).
Revoir les souvenirs d’école primaire de Pierre Prévost