Souvenirs d’enfance rue Saint-Hubert, entre le Chinois, les frites et les guenilles
Article de Suzanne Cléroux-Gareau publié par Pauline Morier, membre de la SHP.
Ma famille et moi habitions au 3717 Saint-Hubert, entre Cherrier et Roy jusqu’en 1947. Près de chez nous Denise et Gilles Pelletier demeuraient au 3683 Saint-Hubert. Sur notre rue coin Cherrier, côté pair, on trouvait le « Chinois ». On y apportait les chemises et cols de papa pour les faire laver et repasser. À notre arrivée une odeur d’empois nous assaillait. Le Chinois déchirait alors un petit papier rose en deux parties sur lesquelles il avait inscrit des caractères. Il trouvait alors rapidement notre paquet parmi un grand nombre, rangé sur des tablettes et vérifiait l’identité du paquet en rassemblant les 2 morceaux de papier. Au temps des fêtes, il nous offrait un lychee avec son écaille. Nous n’osions pas manger ce mystérieux fruit que personne chez nous connaissait, en plus venant d’un asiatique, si différent de nous. Mon père craignait qu’on s’empoisonne. Sur la rue Roy, dans les deux sens, on y trouvait une série de petits magasins différents. Un de ceux-là était le magasin de « coupons » de madame Labrèche. Emportant un petit morceau d’étoffe, je m’y rendais chercher un rouleau de fil mercerisé. Madame Labrèche passait lentement mon morceau de tissu sur une extraordinaire collection de rouleaux de fils, assemblés par couleur avec des dégradés subtils dans de minces tiroirs.
Certains bruits rassemblaient les enfants de la rue, tel le sifflement de la voiture de patates frites, tirée par un cheval et projetant un jet de vapeur, un sifflement, sur le toit. Ces frites sentaient l’huile et le vinaigre. Nous n’avions pas le droit d’en acheter car ce n’était pas hygiénique, puisque que le vendeur nourrissait son cheval tout en le flattant.
Il y avait aussi, en saison, le vendeur ambulant de fruits et légumes, qui annonçait se marchandise en criant : « des bananes ou encore des tomates ».
Un dernier personnage plus modeste, le ramasseur de rebuts qui n’attirait personne. Il passait lentement dans la ruelle Saint-Christophe, perché sur sa voiture, tirée par une picouille. Il s’arrêtait pour cueillir des bouteilles vides, du vieux linge, ou charger un vieux matelas. Il criait bien fort son boniment dans des mots difficiles à comprendre sauf un « des guenilles » ce qui amenait les enfants à l’appeler « guénillou plein de poux ».
Tous ces souvenirs me rappellent mon enfance heureuse dans ce quartier.
Certains bruits rassemblaient les enfants de la rue, tel le sifflement de la voiture de patates frites, tirée par un cheval et projetant un jet de vapeur, un sifflement, sur le toit. Ces frites sentaient l’huile et le vinaigre. Nous n’avions pas le droit d’en acheter car ce n’était pas hygiénique, puisque que le vendeur nourrissait son cheval tout en le flattant.
Il y avait aussi, en saison, le vendeur ambulant de fruits et légumes, qui annonçait se marchandise en criant : « des bananes ou encore des tomates ».
Un dernier personnage plus modeste, le ramasseur de rebuts qui n’attirait personne. Il passait lentement dans la ruelle Saint-Christophe, perché sur sa voiture, tirée par une picouille. Il s’arrêtait pour cueillir des bouteilles vides, du vieux linge, ou charger un vieux matelas. Il criait bien fort son boniment dans des mots difficiles à comprendre sauf un « des guenilles » ce qui amenait les enfants à l’appeler « guénillou plein de poux ».
Tous ces souvenirs me rappellent mon enfance heureuse dans ce quartier.
Pour en ssvoir plus lire l’article sur l’empois chinois.
© SHP, Suzanne Cléroux Gareau et Pauline Morier, 2023
Illustration Marie-Josée Hudon.
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J’ai habité sur le Plateau quand j’étais jeune, je suis à écrire mon autobiographie et justement sans vous avoir lu, je relate moi aussi mes souvenirs du Chinois, du cordonnier, du « guenillou », du marchand de « glace ice » et du maraîcher.
Souvenirs, souvenirs !
Et si vous « testiez » vos capsules de mémoires sur notre blogue ?
Merci pour votre commentaire touchant, vos souvenirs du Plateau, si authentiques et vivants, font écho à tant de belles histoires que nous avons eu le plaisir de découvrir sur notre blogue.
Je ne peux m’empêcher de penser à nos membres, comme Dominique, Michèle, (les 2) Robert, Jacques, Pierre, Louise et bien d’autres, qui ont eux aussi choisi de partager leurs capsules de mémoire à travers notre plateforme, à la manière d’un feuilleton mensuel. Grâce à leurs contributions régulières, ils ont non seulement enrichi notre communauté, mais certains, comme Dominique, sont même allés jusqu’à publier un ouvrage complet !
C’est pourquoi je vous invite chaleureusement à vous joindre à nous dans cette aventure. En participant, vous auriez l’occasion de structurer vos souvenirs, de faire « parler » vos photos, tout en recevant des commentaires constructifs qui pourraient nourrir votre projet d’écriture.
Bien sûr, cela demande un peu de réflexion, mais je suis convaincu que les résultats pourraient être à la hauteur de vos attentes.
Dans mon coin, il y avait aussi un Chinois chez qui j’allais parfois porter les chemises de mon père pour les faire laver, presser et empeser. Je crois que son commerce logeait sur la rue Bordeau au nord de la rue Gauthier. Il portait fièrement une longue tresse de cheveux noirs et un kimono. Il nous recevait derrière une grille qui ressemblait à un guichet de banque. Il était toujours souriant et très poli.
En plus du restaurant Asia, un des meilleurs, juste à côté il y avait Tony Pappas…le cordonnier.
Et plus loin, sur Mont-Royal, entre les rues Papineau et Marquette, côté sud le Café Banquet au 2e étage, le resto chinois. On y faisait nos devoirs vers 16h30, en bas il y avait la pharmacie Paquin.
Et au coin de Marquette…la célèbre madame Bouré,,,,qui vendait de la lingerie fine.
Que de souvenirs! Plus au nord du Plateau, nous avions aussi notre guenillou (sans doute le même) et notre chinois, en plus du marchand de glace qui criait « ice, d’la glace ».
Rue Chabot…Un peu au nord de Mont Royal…il
Y avait un chinois…repassage…etc
Jeune on avait peur….
« Picouille » : c’est une expression typiquement canadienne française d’antan. et pour les « guenillous » on disait plein de poux et les oreilles plein de poils, car souvent ils avaient les oreilles pleines de poils et pas très propres.
Vous me rappeler beaucoup de souvenirs sur Mont-Royal près de Papineau il y en avait un blanchisseur aussi près du resto Asia.
Au bas de l’article nous avons rappelé le lien vers la boutique sur l’empois chinois dont vous faites mention.
La langue est vivante et évolue. En latin, le nom de l’animal cheval se disait « equus », d’où nous viennent les mots équitation, équestre et équidés (Famille de mammifères herbivores à pattes terminées par un seul doigt : cheval, âne, zèbre, etc.)
Mais le peuple romain, non pas l’aristocratie, mais la plèbe, qui était plutôt pauvre, ne possédait que de vieux chevaux rabougris qu’ils appelaient « caval », l’équivalent de notre mot « picouille » d’aujourd’hui.
Et avec le temps et le nombre (les plébiens étant bien plus nombreux que les aristocrates romains) le mot latin « caval » a prévalu sur celui de « equus ».
C’est pour ça qu’aujourd’hui, on dit « cheval » et cavalier, cavalerie, cavaler, cavalcader, etc.
Connaissiez-vous le mot « picouille »?
Sans doute que oui, mais en bon français ce mot m’était inconnu. Voilà pourquoi entre autre j’adore gérer ce site, à chaque fois je pars à la découverte de ces expressions nouvelles et savoureuses pour moi.
Ainsi une picouille peut être un mauvais cheval, un canasson.