Comment ça? Beaucoup de neige!
Quand on regarde les chutes de neige qui viennent de nous tomber dessus cette semaine et quand on sait que les plus vieux disent souvent : «Dans notre temps, il y avait pas mal plus de neige qu’aujourd’hui!»; on se demande bien ce qu’ils faisaient avec des équipements de déneigement comme ceux que l’on voit sur la photo.
Peut-être s’agissait-il des p’tits «Bombardier» du temps jadis. Chose certaine, cet équipement devait faire moins de bruit et être moins dur sur la base des troncs des arbres de nos rues. Jeune enfant, je me souviens que la neige n’était ramassée que dans la rue et que de gros bancs de neige longeaient les trottoirs tout l’hiver. Nous devons présumer que les déneigeurs prenaient ça «aisé» (francisation de «easy») et déneigeaient une rue à la fois.
Au printemps, pour les enfants, c’était le carnaval du «cassage» de glace sur le trottoir, les trottoirs n’étant pas grattés comme aujourd’hui, il s’ensuivait la formation d’une épaisse couche de neige durcie qui se transformait en glace avec le temps. Une sorte de corvée volontaire réunissait alors tous les enfants de la rue qui, armés de haches, de pelles et de pics, s’attaquaient à une couche de glace qui devait bien faire 7-8 pouces d’épaisseur (16-18 cm). Ce travail s’effectuait au printemps; au moment où le redoux avait commencé à altérer la glace et provoqué un petit film d’eau sous elle. La glace était «cuite» et enfin prête pour le carnage.
Il suffisait de bien choisir la grosseur de sa «bouchée» et après quelques coups de hache bien appliqués, vous entendiez le «PLOC» caractéristique fait par le morceau se séparant de sa banquise; bonheur fugace (et, disons-le, répétitif) du petit casseur de glace. Quand l’heure du «break» (le dîner ou le souper) arrivait; on laissait en plan un trottoir partiellement dégagé et avec des marches à monter ou descendre, au grand désespoir des piétons distraits. Je me souviens que cette corvée pouvait parfois durer plusieurs jours; c’était peut-être une façon de pousser sur l’hiver et de tirer sur le collet du printemps. Doux temps du redoux!
Sur la photo suivante (qui est prise devant le magasin Morgan’s, futur La Baie), on voit des pelleteurs à l’oeuvre. Ce n’est qu’en 1905 que la Ville de Montréal prendra charge du ramassage de la neige en ville. Avant, le déblaiement était de la responsabilité des citoyens ou commerçants, comme ici en 1901, sur la rue Sainte-Catherine. Il est facile à imaginer que ce devait être pareil sur l’avenue du Mont-Royal.
Encore une fois, la photo suivante nous ramène dans les bourrasques de l’hiver et nous montre un des cinq tramways chasse-neige utilisé pour déblayer les voies. On peut voir la brosse rotative qui devait parfaire le travail de la lame chasse-neige. Cette photo de 1895, nous montre le mastodonte, suivi par la voiture 332 de la ligne Amherst.
Intéressant!
Je ne savais pas tout cela. Personnellement je me souviens des petits canaux que l’on faisait oui à la hache pour faire descendre l’eau du haut de l’entrée vers le bas.