Un péage pour venir en ville?
ATTENTION, CET ARTICLE CONTIENT UNE INFORMATION ERRONÉE
Une notice erroné inscrite sur cette photo m’a induit en erreur. Justin Bur de Mémoire du Mile-End me le signale dans son commentaire en bas de page, que je vous invite à lire. Je vais corriger le tir dans un nouvel article intégrant l’information de Justin Bur et, par la suite, je supprimerai cet article.
MES EXCUSES
Cette vieille photo de la « rue » Saint-Laurent, prise près de la rue Duluth, nous montre la porte de l’ancienne barrière de péage aux limites de la ville de Montréal. Ici on entrait (ou sortait, c’est selon) dans le village Saint-Jean-Baptiste. À cette époque, la limite nord de la ville se retrouve grosso modo d’est en ouest le long de Duluth.
On retrouvait ces barrières à chaque chemin d’accès: Papineau, De Lorimier, etc. Le bâtiment est situé du côté ouest de Saint-Laurent, si l’on se fie à l’ombre faite par l’affiche à gauche, et c’est l’heure du midi. Les photos peuvent nous donner bien des informations, mais on ne connaîtra malheureusement pas les noms des passants et leurs occupations; c’est dommage!
Il serait intéressant de documenter le prix d’un péage, la destination des sous et les dates de fonctionnement de ces barrières. Un appel à tous!
On voit sur la photo les rails de tramways et les pavés de granit dans la rue; on voit aussi les fils électriques ainsi que de grandes affiches vantant des produits inconnus. On peut aussi présumer que le développement urbain de ce secteur de Saint-Laurent est en pleine effervescence si l’on en juge par ce qui semble être une démolition imminente pour la « porte de péage » et par la présence des terrains vagues à proximité.
Il est aussi intéressant de noter que l’orientation du bâtiment de la barrière ne fait pas face au boulevard Saint-Laurent comme il se devrait avec une rue construite. Cela laisse présumer que lors de son implantation, il était le seul bâtiment du secteur et donc, puisque sa destination visait le contrôle de « l’activité principale », soit la circulation orientée « sud-nord-sud », cette orientation (de face) était logique.
Beaucoup de secrets encore à découvrir.
Un texte sur les péages : Des chemins d’eau aux chemins de terre
Le mystère de cette image enfin résolu en 2013. Édouard-Zotique Massicotte, l’auteur de la notice «poste de l’ancienne barrière», a écrit cela dans les années 1910, environ cinquante ans après la disparition du péage à cet endroit. Il s’est trompé de bâtiment. («Porte» est une erreur de transcription d’un bibliothécaire.)
La maison de pierre dans la photo est en fait une ancienne maison de ferme, appelée «Mile End Lodge» et construite par John Clark (comme la rue Clark), qui y a habité pendant le premier quart du 19 e siècle (1804: achat de la ferme; 1827: décès de John Clark). Comme d’autres maisons de campagne de l’époque, elle regarde vers le sud à travers les champs vers la ville et le fleuve, au lieu de faire face au chemin. La maison a été démolie fin 1914/début 1915. Aujourd’hui, les bars Champs et Blue Dog se trouvent à cet endroit. La photo, montrant la maison à l’abandon, doit être postérieure à 1910; en 1910 elle est encore occupée selon l’annuaire Lovell. On voit aussi le mur du bâtiment adjacent construit en 1905, et le trottoir à sa nouvelle position après l’élargissement de la rue.
Quant au poste de péage, érigé en 1840 par la Commission des chemins à barrière de Montréal (Montreal Turnpike Trust), il se trouvait de l’autre côté du chemin, comme on peut voir sur des plans d’arpenteur des années 1850 aux archives de BAnQ. Il était beaucoup plus petit que la maison et probablement construit en bois. Dès le début des années 1860, il a été déplacé plus loin, entre les rues Maguire et Saint-Viateur d’aujourd’hui. La commission a été abolie en 1922, bien que le péage ait disparu auparavant. Voir Jean-Claude Robert, Réseau routier et développement urbain dans l’île de Montréal au XIXe siècle, 1998.
Beau travail
Il est vraiment épatant ton blogue. J’adore l’histoire et j’ai vécu sur le plateau pendant de très nombreuses années. Je vais revenir, c’est certain. Et je vais essayer de le faire connaître.
Bravo.