Apres les poules…les cochons!
Comme vous le savez, les résidents du Plateau adorent les animaux. Pour ce qui est des poules en ville, beaucoup se sont montrés curieux face à cette demande des résidents de Rosemont. Sachez bien que cet engouement pour la basse-cour ne date pas d’hier.
Ainsi, à la suite de l’interdiction par la Ville de Montréal d’élever des porcs au sud de la rue Sainte-Catherine, en 1868, et par la suite, partout à partir de 1874; plusieurs habitants (qui aimaient ces petits animaux) migreront vers la banlieue (Ça, c’est ici!). À son tour, le village de Saint-Jean-Baptiste, à partir de 1870, fut obligé d’agir et il en prohibera l’élevage en été. Ça a beau faire longtemps, 1870 ce n’est pas dans l’antiquité! On ne sait même pas quand s’est arrêté « l’élevage d’hiver »
Imaginez vous donc, en ouvrant vos fenêtres demain, qu’en ce temps là, vous auriez pu entendre ces charmants animaux de compagnie. Alors qui sait? Peut-être qu’apres les poules en ville, il y aura les « petits cochons urbains ».
Comme ça, le petit déjeuner sera plus complet; avec les œufs, il y aura du bacon.
Ah! Le petit cochon
Une ‘cochonade’ anecdotique aussi véritable que savoureuse, mettant en scène deux balcons, la rue Rachel, l’avant guerre, deux cultures, un faux poupon et un petit cochon.
Un jour de juillet 1939, alors que sa famille habitait au 1357 rue du Parc Lafontaine (rue Rachel actuelle, presque à angle est de la rue de Lanaudière), Thérèse Perrault 12 ans est envoyée par sa mère Rita Taillefer chez les aimables voisines d’origine grec, les Kipouros, qui habitent au premier étage de l’immeuble contigu. Le contenu du message est crédible: une jeune cousine de Rita est en visite avec son poupon et vers quinze heures elle leur présentera au balcon. Les Perrault habitent au deuxième étage. Ils disposent d’un grand balcon rectangulaire. Il a la particularité d’être en retrait par rapport à celui des dames Kipouros. Cette configuration existe encore aujourd’hui.
A l’heure convenue pour ‘l’évènement du jour’, les dames Kipouros se pressent au balcon pour attendre le gentil poupon. Tout à coup, Rita Taillefer s’avance devant son garde-corps en fer-forgé, portant un ‘paquet’ de soie immaculée et de dentelles enrubannées, d’une belle série de nœuds froncés. Des cris retentissent soudain: c’est que Rita imite très bien, la bouche enfouie dans cet amas de chiffons, les cris et les pleurs d’un poupon! L’inquiétude gagne les voisines affolées. Les pleurs s’accentuant, nos dames Kipouros dénoncent la scène avec pathos. Le paquet bouge, se déforme et gigote cette fois, au dessus pratiquement de la voie. Il y a que, dans son enthousiasme interprété, Rita tente de le montrer, à ces spectatrices livides, en le suspendant au-dessus du vide! ‘Ne faites pas cela malheureuse mère!’ crient-elles à cette femme téméraire. Mais Rita redouble les cris et taponne le paquet en vie! Un ruban tombe, puis un second, de sorte qu’au bout d’un moment le drame se produit et dans un dernier cri, s’élance au sol du balcon, un véritable petit cochon et vite vole au second, l’oreiller de plume et l’tas de chiffons!
Rires et larmes s’en suivirent et une morale d’en déduire, voilà au fond ce que c’est, que le charme des balcons en retrait!