Les dispensaires Goutte de lait
Au début du XXème siècle à Montréal, le commerce du lait relève plus des lois du Far-West que de règles sanitaires convenables. Plusieurs entrepreneurs s’inventent laitiers et tous n’ont pas la rigueur qu’exige la traitement de cet aliment fragile. Les ménages ne peuvent compter que sur les petites glacières domestiques afin de conserver leur lait. Le transport, la manutention et l’entreposage des bidons de lait n’est pas garant de sa bonne qualité. Ajoutons à cela que la pasteurisation du lait n’est pas encore obligatoire à Montréal et vous avez les conditions parfaites pour générer de sérieux problèmes. D’ailleurs, à cette époque, un nourrisson montréalais sur quatre décède dans sa première année de vie.
C’est ce qui incitera la docteure Irma Levasseur, première canadienne-française à obtenir son diplôme de médecine, à créer avec d’autres femmes l’hôpital Sainte-Justine en 1907. Après une année sur la rue Saint-Denis, l’hôpital déménage avenue De Lorimier au sud de Rachel. Vers 1910, on souhaite apporter une solution à ce problème du mauvais lait en créant les « Gouttes de Lait ». Véritables CLSC avant la lettre, ces dispensaires offriront pour un coût minime, ou même gratuitement, un lait de qualité. Les mères y sont aussi invitées afin de recevoir des conseils sur les soins à apporter aux nourrissons et aux enfants. Cette belle photo (tout de même un peu scénarisée) nous montre cette distribution de lait dans un logement en face de l’hôpital. On peut également admirer les belles boiseries victoriennes de l’escalier qui mène aux étages. Ce n’est que plus tard, avec l’utilisation de l’acier pour leur fabrication, que nous verrons apparaître les fameux escaliers courbés si typiques de Montréal.
Un peu d’histoire,
Le docteur Gaston Variot ouvre à Belleville en 1892 un dispensaire accueillant les enfants malades
Cela va notamment se traduire par la création de la « Goutte de lait », œuvre sociale fondée à Fécamp en 1894 La Goutte de lait désigne une organisation destinée à distribuer du lait stérilisé aux mères qui ne peuvent pas allaiter leur enfant, à dispenser une consultation des nourrissons et à proposer une éducation maternelle en puériculture et hygiène. Elle a été créée dans la commune française de Fécamp en 1894, à l’initiative du docteur Léon Dufour. Le docteur Léon Dufour, qui s’y installe après des études de chirurgie et d’accouchement à la faculté de Nancy.
La société protectrice de l’enfance, par son président Théophile Roussel, fait voter le 23 décembre 1874 la loi de protection de l’enfance (dite « loi Roussel »). Cette dernière impose le contrôle des sociétés de charité maternelle et réglemente le fonctionnement des crèches publiques, et privées. Pierre-Constant Budin créé à l’hôpital de la Charité de Paris la consultation des nourrissons, ville où l’on s’intéresse de façon précoce aux questions de pédiatrie.
Plusieurs Congrès international des Gouttes de Lait se tinrent : le 1er, en 1905 à Paris, le 2e, à Bruxelles en 1907, le 3e, à Berlin en 1911 (III Internationalen Kongress für Säuglingsschutz-Goutte de Lait)…
Fort du succès national, l’institution s’est exportée au Maghreb (à Casablanca, à Alger…), comme en Belgique (à Leval-Trahegnies…) également au Québec au début des années 1900 ou ces endroits étaient désignés les dispensaires de la Goutte de lait. Plusieurs canadien-français ont contribué au développement de ces cliniques dont entre autre Séverin Lachapelle, Irma LeVasseur, Georges-Marie LePailleur, curé à l’Église Nativité-de-la-Sainte-Vierge-d’Hochelaga; Ce dernier avait assisté au congrès en Europe. Ces cliniques étaient dispersées à plusieurs endroits, au Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine et dans de nombreuse paroisses afin de rejoindre le plus de familles possibles.
A propos des organismes ou dispensaires de « La Goutte de lait »
Ayant eu l’occasion de faire quelques recherches historiques dans mon village (Lisle sur la Sorgue) lorsque je suis de passage en France j’ai découvert que vers les années 1900, une directrice d’école maternelle Rose Goudard était responsable de l’organisme « La Goutte de lait » qui œuvrait également pour la santé des jeunes enfants.
Cela me fait supposer que ce mouvement mondial mériterait d’être mieux étudié.
Super intéressant ! Est-ce que l’on connait l’adresse exacte ?
J’aimerais savoir l’adresse aussi, j’ai habité dans ce coin,
L’adresse du dispensaire de la « Goutte de lait » de l’Hôpital Sainte-Justine, fut en 1912 : le no 1107 avenue de Lorimier, qui est devenu le no 4259 avenue de Lorimier en 1925-26.
Une large façade très sobre de belles pierres grises…
… devenue une longue façade de briques blanches !