Livraisons à domicile …d’un autre temps
J’ai donc pensé à mon affaire et me suis rendu compte que j’avais aussi une longue expérience de livreur. Voyons donc ça !
Bien sûr, tous les enfants ont amorcé leur carrière de « livreur » en faisant des allers-retours à l’épicerie du coin, afin de garantir à la maman d’avoir tout ce qui faut pour finaliser le dîner du jour. La maman était probablement trop occupée à remplir la laveuse à tordeur; à la vider; à remplacer l’eau du rinçage; à étendre le linge; et à recommencer; pour aller à l’épicerie. D’ailleurs, l’épicerie est incontestablement le lieu par excellence pour les enfants afin d’initier leur CV de livreur.
La première véritable expérience de livraison qui me vient à l’esprit date de la fin des années 1950. On vient tout juste de démolir 4 beaux triplex sur l’avenue du Mont-Royal, entre Boyer et Christophe-Colomb, afin de construire un grand supermarché Dominion tout neuf; qui est devenu l’actuel Intermarché Boyer. La construction implique plusieurs ouvriers et ceux-ci nous demandent, au moment de la pause, d’aller leurs chercher des liqueurs douces et autres petits gâteaux dans les « snack bar » du coin. La belle affaire; c’est pas compliqué, et les pourboires sont intéressants (bien que je ne me souvienne pas précisément du montant).
Peu de temps après, à l’aube de l’adolescence, j’amorce ma carrière de camelot de « La Presse », pour le compte du kiosque à journaux des jumeaux Larivière angle Mont-Royal et Christophe-Colomb. Ici, la livraison se fait avec ma voiturette toute neuve sur laquelle on pose deux énormes sacs remplis de journaux qui sentent encore l’encre d’imprimerie. Chaque client, ou devrais-je plutôt dire chaque porte, possède un caprice particulier. Certains veulent le journal séparé par sections et inséré complètement dans la fente aux lettres; d’autres veulent aussi un coup de sonnette; ou encore une livraison faite impérativement avant telle heure, sous peine de plainte au kiosque. Le « salaire » dépendait du nombre d’abonnés et, si ma mémoire est fidèle, les pourboires hebdomadaires se calculaient en 10 ou 15 sous et parfois 25 cents. Cela m’aura malgré tout permis de me procurer une magnifique bicyclette lors d’une promotion chez L.N. Messier. Un « Eska » tchécoslovaque de 26 pouces pour 26 $.
À mes quinze ans, j’ai gradué dans mes fonctions de livreur en allant porter, en gros vélo d’épicerie, les commandes de la boucherie Ouellet du 1034 Mont-Royal. Je pèse alors à peine plus que les caisses de 24 bières que je dois livrer aux alentours. Cette période marquera également une autre forme de graduation, à l’école de la vie celle-là, en me faisant constater que la société était formée de toutes sortes de personnes et de modes de vie. Ce Plateau des années 1960 n’était pas riche et parfois relativement démuni. Des situations souvent à des années lumières de ma réalité familiale finalement bien ordinaire.
J’allais aussi occasionnellement livrer de la bière à un « Tourist room », situé à l’étage de l’actuel Couche-Tard au coin de Christophe-Colomb; un endroit qui d’un commun accord du voisinage, n’était pas nécessairement réservé qu’aux touristes. Monter cet escalier sombre et sentant la cigarette, était toujours « curieux ». Je ne connaissais pas encore la citation de Georges Clémenceau : « Le meilleur moment de l’amour, c’est quand on monte l’escalier ». Encore aujourd’hui, je ne sais vraiment pas si cela s’appliquait bien à cet escalier.
Plus vieux (en fin de carrière de livreur), j’ai aussi été « camionneur-adjoint » pour un distributeur de La Presse et aussi pour une quincaillerie en gros qui livrait aux commerces de détail.
Aujourd’hui, je continue toujours de livrer aux portes. Mais je le fais d’une façon virtuelle, ….en livrant des souvenirs de jeunesse à la porte de vos écrans. Et c’est encore bien agréable!.
Très jeune, j’accompagnais ma mère quand elle allait faire le marché sur Mont-Royal. On rapportait le boîte de carton sur un traineau. Ça glissait bien. Il n’y avait pas de sel, de sable ni de petites roches sur les troittoirs dans ce temps-là.
Puis, quand j’ai eu 15 ans, j’ai été livreur, la fin de semaine, sur le bicycle d’épicerie au Marché Hébert, situé au coin nord est de la rue de La Roche et Marie-Anne. C’était une épicerie-boucherie. Les jeudi soir, vendredi soir et samedi, mon père, qui était boucher, y travaillait aussi. J’habitais au 4253 rue de Brébeuf et monsieur Hébert, le propriétaire du commerce, habitait juste en haut de chez moi.
Mon frère aîné, Jean-Pierre, lui, livrait les commandes de la pharmacie située sur la même intersetion, coin sud est.
Ensuite, j’ai été embauché par le livreur du Marché Union, situé au coin sud ouest de la rue de Lanaudière et Mont-Royal. Mais cette fois, c’était en camion, comme aide livreur. On allait aussi au Marché central, sur boulevard L’Acadie, chercher des poches de patates et de carottes.
Dans le temps des Fêtes, on livrait parfois jusqu’à 2h. du matin et il fallait ensuite être au travail à 7h. Ça m’a rendu fort. J’étais capable de monter, au 3e étage d’un triplex, une grosse commande composée d’une boîte de bananes pleine de cannage, de fruits et de légumes, sur l’épaule gauche, tout en tenant un 50 lbs de patates sous le bras droit. Rendu en haut de l’escalier du 2e étage, il m’arrivait de peser sur le bouton de la sonnette électrique avec mon nez. Le client ouvrait alors la porte avec une corde et je montais le dernier escalier.
Rhéal Mathieu.
Un pharmacien qui vendait plus d’alcool à friction pour boire plus que de sirop Lambert, a pris les moyens pour calmer les ardeurs des clochards… Il a pendant quelque temps ajouter un zest de chloroforme à chaque bouteille qu’il vendait pour fin de consommation. Une seule goutte rendait le liquide IMBUVABLE… à un client qui se plaignait du gout écœurant , il lui a dit » cesse de le boire et frotte toi avec… la clientèle a subitement disparu ..
Lire les souvenirs de Gabriel font ressurgir d’autres souvenirs de livraisons agréables et parfois désagréables sur la rue Fabre coin de Mont-Royal l y avait une maison de chambres avec des chambreurs ivres. La livraison de bières ne fait pas bon ménage et le plus agréable se sont les femmes en petite tenues qui viennent nous répondre. Oups! passons, et toutes ces odeurs de commerces salon de coiffure en particulier je me souviens surtout de l’atelier de fabrication de néons sur la rue Papineau près de Gilford sur un fond de cour vraiment hallucinant autres temps, autres meurs.
La photographie mettant en vedette un jeune livreur d’épicerie à vélo, provient de mes archives personnelles.
Voyez la scène complète ici: http://www.flickr.com/photos/urbexplo/4386585816
L’image du livreur à vélo est très appropriée donc c’est une bonne idée de ne rien changer toutefois, une mention serait appréciée.
La « Petite histoire du Plateau » une excellente chronique!
J’avais « récolté » cette belle photo documentaire sur une page Facebook sans annotations. J’ai ici corrigé sous la photo l’origine de la source.
Merci pour votre contribution.
Merci pour vos compliments, et pour ce qui concerne votre photo, Gabriel a bien noté la provenance de la source.
Mon premier emploi à l’adolescence était livreur à bicyclette pour une pharmacie à N.D.G. Étrangement, mes souvenirs sont plutôt reliés à des événements vécus à l’intérieur du commerce qu’à mes activités de livraison. Un des employés était un ancien boxeur et il m’avait demandé de le frapper très fort au ventre. Son ventre était très dur et il m’avait expliqué que cela résultait de ses nombreux combats. Par après, pendant quelques semaines, je me donnais des coups aux ventres dans l’espoir de devenir aussi résistant que lui, mais cela n’a pas été très efficace. Je me rappelle aussi que le pharmacien m’avait demandé de ne pas traîner autour de la caisse lorsqu’il y avait des clientes parce que celles-ci seraient gênées de parler de produits d’hygiène féminine en ma présence (ceci se passait au début des années 60). Je ne me suis pas fait de gros muscles comme Gabriel puisque les sacs que je livrais étaient pas mal moins lourds que des caisses de 24…
Pour ce qui question de livraison à domicile, j’ai trois anecdotes là-dessus :
La 1ere, concerne Lucien Prudomme qui allait porter la glace chez les gens avec sa voiture tirée par un cheval sur la rue Berri vers 1962.
La 2e c’est chez Steinberg sur la rue Saint-Hubert coin Boucher, où avec ma petite voiture à 4 roue j’allais porter les sacs des madames chez eux pour environ 10 cents.
Et la 3e c’est encore moi, qui allais porter les commandes pour l’épicerie Pelletier et Beauchamps en bicycle.