« Mémoires d’un ti-cul du Plateau Mont-Royal »
L’univers où j’ai commencé les premières années de ma vie se situait sur la rue Marquette entre Gilford et Mont-Royal. Mon arrivée en 1953, après un bref séjour à l’hôpital Notre-Dame, s’est faite au 4569 Marquette, un logis de 4 pièces et demie pour neuf personnes; mes parents, cinq sœurs et un frère!
Une cuisine meublée d’une table en métal avec des chaises en bois, un poêle au charbon, un comptoir (la pantry) et l’évier avec un seul robinet d’eau froide. Là où était la cuisine, une porte menait à une minuscule chambre avec deux lits superposés de chaque côté et un lit simple sur le mur du fond pour accueillir mes cinq sœurs. Un couloir nous dirigeait vers le salon double. Une partie servait de salon avec un sofa trois places sur lequel je dormais, un fauteuil s’ouvrait pour faire un lit à mon frère, un piano, de petites tables d’appoint et une malle complétaient l’ameublement. La seconde partie, c’était la chambre de mes parents. Vous vous doutez bien que l’intimité n’était pas au rendez-vous. On vivait tassés, mais heureux!
Mes premières explorations commencèrent par la cour arrière. En sortant, une grande galerie avec au bout, à droite, une glacière qui nous servait de réfrigérateur. Deux chemins de bois pour se rendre aux hangars. Celui de gauche se rendait au nôtre où il y avait un carré à charbon où nous aimions aller jouer. Notre mère était découragée de nous voir arriver « noirs comme chez le diable »! Celui de droite menait au hangar de la propriétaire qui habitait le deuxième étage, une madame Steben, qui y vivait avec sa fille. Sur la photo de 1943 montre mon père Louis en uniforme, le fameux hangar et le chemin de bois dans la cour du 4569 Marquette.
Plus tard, j’ai eu la permission d’arpenter le trottoir, mais seulement de notre côté de la rue. Défendu de traverser, c’était trop dangereux! Je m’amusais à marcher en ne touchant pas aux craques du trottoir car j’avais entendu dire que ça attirait le diable. C’était un peu fort, mais pour un ti-gars de 5 ans, pas de chance à prendre! Un jour, grande permission de ma mère. Je peux enfin traverser de l’autre côté de la rue pour aller voir mon ami Richard. Naturellement, une de mes sœurs avait été déléguée pour me dire à quel moment je pouvais traverser en surveillant le trafic, qui était quand-même rare! J’étais tellement excité que je me suis mis à courir sur le trottoir de l’autre côté de la rue tout en me retournant pour remercier ma sœur de la main. Et là, bang! En me retournant je fonce dans un arbre qui trônait au beau milieu du trottoir. Je me suis retrouvé sur le dos. Ma sœur est venue me chercher pour me ramener de l’autre côté de la rue. Premier essai raté, terrassé par un adversaire plus gros et plus solide que moi!
Quand j’ai commencé l’école à Saint-Stanislas, on s’y rendait à pied par la rue Gilford. Nous avions deux terrains de jeux. Il y avait le trottoir ouest de la rue Marquette qui était deux fois plus large que celui de l’autre côté. On y faisait du bicycle (pas encore du vélo), on jouait au hockey, au drapeau, à la tague, à la cachette en nous reposant parfois dans les marches des escaliers pour nous conter des peurs! Il y avait aussi la ruelle située entre les rues Marquette et Fabre qui nous servait pour jouer à la guerre, au baseball et à d’autres jeux de cour arrière pas racontables!
Je me souviens de mes retours à la maison après avoir servi d’enfant de chœur aux deux messes de Noël à l’église Saint-Stanislas, une à onze heures et l’autre à minuit. Il n’y avait aucun danger à revenir seul à cette heure tardive, même à 11 ans. Ma rue était transformée; noire, froide, personne sur les trottoirs, avec ces arbres géants qui bougeaient au vent. Mais aucun danger, je revenais de deux messes, j’étais donc protégé à 100%!
Plus tard, nous avons déménagé au 4582 Marquette, de l’autre côté de la rue. C’était un logis de sept pièces avec une cave à deux étages, le paradis! Nous avions une grande salle à manger et un salon double avec des colonnes blanches de chaque côté qui le séparaient. C’était le lieu de rassemblement le soir venu après avoir passé la journée sur le balcon. Mes sœurs et ma mère étaient assises sur le grand sofa et moi, assis par terre appuyé sur le calorifère à côté de la fenêtre où le store était à moitié ouvert. Là, j’écoutais les histoires de ma mère et de mes sœurs qui parlaient de leurs amies ou des voisines, de toutes leurs histoires d’amour, de rupture, de mariage, d’amitié avec tous les détails possibles. Cela meublait une grande partie de la soirée. Il y avait aussi l’arrivée des chums de mes sœurs, qui deviendraient plus tard des époux ou des ex. Avec toutes ces veillées au salon. Avec le départ de mes sœurs après leur mariage, le logement, soudain, était devenu trop grand. Un autre déménagement se fit dans plus petit au 4565 Marquette, ça bougeait, ça vivait! On retraversait la rue, ça semblait être l’histoire de ma vie.
L’adolescence arrivée, j’ai passé mon temps chez un ami dans un local au sous-sol du 4573 Marquette. Création d’un band de musique, paradis artificiels, posters psychédéliques et découverte des filles qui allaient devenir pour certaines nos épouses plus tard. J’ai finalement quitté cette chère rue de ma jeunesse pour aller demeurer dans un autre quartier.
Aucun de nos voisin(e)s ou ami(e)s n’a oublié la rue Marquette. Il y en a même une, Carole, avec qui j’ai récemment fêté nos 66 ans d’amitié! Elle demeurait à côté de chez moi au 4569 et ma mère me passait par-dessus la clôture, j’avais 3 ans! Comment oublier de si beaux moments! La rue Marquette restera toujours la plus belle rue de Montréal à mes yeux même si elle a beaucoup changé.
Un coup de chapeau à mes voisins; les Pagé, Chartrand, Langlois, Lavergne, Lessard, Cossette et Drouin. Les Miller, Garand, Lesage, Sanche, Dupuis, Bourgoin, Jobin, Benoît et d’autres encore! On était quelque chose comme une grande famille!
* années 1946 et ++, avis de recherche
Je recherche dans la grande famille Bernier Monique, Pierrette et André, le père était camionneur pour la neige. Je pense que c’était au 5037 ? rue Fabre.
Aussi, dans la famille Bourdages, Louise qui habitait en face du 4382 rue Boyer, le père René avait un commerce pour hommes rue Mont-Royal. On fréquentait école Saint-Sacrement, à côté du Mont-Royal BBQ.
Aussi, dans la famille Bergeron dont la fille (la + jeune) était une amie. Ils habitaient près du p’tit dépanneur près du 4372? rue Boyer
Aussi dans la famille Aquin, rue Mentana avec commerce, le + jeune s’appelait Robert.
Oui j’ai connu les Aquin c’étaient mes voisins on avait une véranda commune rue Maria-Anne. Le plus vieux s’appelait Gérard je pense et il y avait Lise grande amie de ma sœur Ninon et aussi le petit Robert. J’ai demeuré au 1202 Marie Anne coin de Laroche durant 43 ans.
J’ai demeuré sur la rue Chambord entre boulevard Saint-Joseph et la rue Gilford en face de l’école Paul Bruchési et Saint-Stanislas. Mon grand-père Henri Légaré était sacristain de la paroisse. Il demeurait sur la rue Gilford tout juste à côté de l’épicerie de votre père ou grand-père. Mon père était plombier et travaillait pour « Lefrançois » sur la rue Chambord entre le boulevard Saint-Joseph et l’avenue Laurier. Je conserve de bons souvenirs de cette époque: jeux dans la ruelle, les amis, tout le monde veillait dehors sur les galeries par chaudes soirées d’été, etc.
A St Stan en 55..56..57
Préfet de discipline…Le bon frère Albert..?
Corp de cadets….sous le bon frère Rodolphe..?
Le frère Alfred, qu’on surnommait le genou…hihihi 🙂
Vraiment du bon temps
Je demeurais sur Christophe Colomb au sud de Mont-Royal et je suis sortie avec un certain Richard Page de la rue Marquette
Très beau texte !!!
J’ai moi-même fréquenté l’ESSS ou Saint-Stan comme on l’appelait à l’époque et même si j’ai 2 ans de moins que vous, nous nous sommes certainement croisés un jour ou l’autre… Je pense que tous les ti-culs du plateau peuvent se reconnaître dans ce vibrant témoignage ! J’ai été élevé coin Bernard et Waverly dans le Mile-end et c’était exactement pareil !!!
Merci pour les souvenirs !
Je suis né sur le plateau mais j’y aies vécu à partir du milieu des années 60 sur Papineau entre Gilford et Mont-Royal. J’ai peut-être croisé ce conteur d’enfance je fréquentais ce coin les Perrault et autres et le resto la maisonnette coin Marquette et Mont-Royal il y avait aussi coin Gilford le restaurant « Charles » de ma grand-mère Prieur.
Belles histoires en vue
Allo moi aussi j’ai bien aimé ton histoire, ça me rappelle des souvenirs d’enfances sur la rue Laval entre Mont-Royal et Marie-Anne quel beau souvenir .
Merci pour le partage.
…
J’ai habité 40 ans sur le Plateau. De 1977 à 2017, 32 ans sur la rue des Érables près de l’avenue Mont-Royal et 8 ans sur l’avenue Duluth entre Saint-André et de Mentana.
Je suis justement allé hier pour un rendez-vous et jai marcher sur la rue Mont-Royal de de l’avenue du Parc à la rue Berri et c’est l’enfer, la rue Mont-Royal est complètement fermé à la circulation, les autobus sont détournés, rien à voir avec le Plateau du temps où je l’habitait.
J’habite à Longueuil depuis 5 ans et je ne m’ennuie pas du Plateau, ça trop changer, mais pas en mieux.
Ayant vécu une quarantaine d’années au 4605 rue Garnier (la plus belle rue du Plateau !), je suis d’accord avec le commentaire d’Alain :
« Je suis justement allé hier pour un rendez-vous et jai marcher sur la rue Mont-Royal de de l’avenue du Parc à la rue Berri et c’est l’enfer, la rue Mont-Royal est complètement fermée à la circulation, les autobus sont détournés, rien à voir avec le Plateau du temps où je l’habitait. »
Je n’ai pas connu l’avenue Mont-Royal d’antan et pour cause je ne la connais que depuis 2005 ; mais désolé pour vous deux car personnellement je préfère la rue rendue piétonne.
J’apprécie cette période où l’on doit rouler « slow »,
j’apprécie les « touk touk » qui permettent de la parcourir,
j’apprécie les terrasses agrandies.
Merci Robert pour ce magnifique texte très «visuel» des années 1950 sur le Plateau. À peu près toutes les rues vivaient un quotidien comme tu l’as décrit. Ton histoire des amis et amies qui finissent en couples, c’est très vrai. Dans notre groupe d’amis deux couples se sont formés dès l’adolescence (dont le mien).
Quand on dit que l’argent fait pas le bonheur, on ne peut mieux dire.
Une belle enfance ça s’oublie pas. C’est pareil pour moi mais à Sherbrooke. Nos coins d’enfance changent mais ils demeurent intacts dans nos cœurs et souvenirs que nous chérissons.
Merci de partager ces souvenirs
Je n’ai que 36 ans, mais durant ces 5 trop courtes minutes de lecture, je me suis senti comme si j’y étais. Excellent! N’hésitez pas à partager d’autres souvenirs.
Cher Robert,
J’ai beaucoup aimé te lire car ça me rappelait, à moi de bons moments; pas sur la rue Marquette, mais sur la rue Laurier près de Park Avenue. Je suis allée souvent sur le Plateau-Mont-Royal.Que de bons souvenirs, eh oui c’était le bon temps. Tu as su aussi raconter de façon très intéressante; On s’y voyait. Merci beaucoup et, en parlant de souvenirs, je vais t’envoyer un lien ou tu pourras en revivre.
Voilà, le pourquoi de ce blogue
Je n’ai pas grandi sur le Plateau-Mont-Royal loin de là même; mais cet article me fait penser aux chansons des Cowboys Fringants que j’aime beaucoup.