Le « 3683, rue Saint-Hubert »
Ci-contre Pauline Morier dans son atelier, avenue Laval, vers 1967.
Dans son article paru dans le Bulletin de la SHP (automne 2022), Claude Pelletier qui est la fille de feu le comédien Gilles Pelletier et la nièce de la regrettée Denise Pelletier, raconte qu’en 1929, ses grands-parents Pelletier et leurs deux enfants ont emménagé au 3683, rue Saint-Hubert, près de la rue Cherrier.
Or, quand, en 1965, l’artiste Pauline Morier est arrivée à Montréal de son Winnipeg natal, elle a habité au 3683, rue Saint-Hubert. L’ancienne résidence des Pelletier était devenue une maison de chambres.
Or, quand, en 1965, l’artiste Pauline Morier est arrivée à Montréal de son Winnipeg natal, elle a habité au 3683, rue Saint-Hubert. L’ancienne résidence des Pelletier était devenue une maison de chambres.
Pauline Morier en fit un dessin dans une lettre qu’elle adressa à sa mère au Manitoba. Ce dessin illustra l’article que j’ai consacré à l’artiste dans le Bulletin de la SHP de l’automne 2013, « Pauline Morier, une artiste ‘autour’ du carré Saint-Louis ». La grande maison en pierre n’existe plus; elle fut sacrifiée aux besoins de l’École Cherrier.
Crédit photos Pauline Morier, Le 3683, rue Saint-Hubert, encre sur papier, 1965.
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« Maison de chambres » ?
En bon français toujours en recherche d’expressions québécoises savoureuses, j’ai repéré cette fois l’expression : »maison de chambres ».
En tout bien tout honneur je pense que dans les années 60 la maison de chambres représentait la maison qui permettait à de jeunes locataires de trouver à se loger à peu de frais.
En discutant de ce terme avec ma coiffeuse québécoise, j’ai compris que suivant les quartiers cela pouvait être autre chose de moins net.
En plus, en allant chercher de l’information j’ai vu écrit dans « Le Devoir » qu’en 2022: « Dernière étape avant la rue et première option pour s’en sortir, la maison de chambres est un carrefour de la souffrance. »
Alors voilà je voudrais en savoir un peu plus et lancer un petit débat sur cette expression.
Au plaisir de vous lire
Quel intéressant sujet!
Les maisons de chambres n’ont pas toujours eu une mauvaise réputation. Sans en être l’historien, je crois qu’il y en a toujours eu.
À Montréal, dans les années 1960 que Pauline Morier a connues, les maisons de chambres, surtout dans les quartiers près des grandes écoles et des universités — comme autour du square Saint-Louis à Montréal –, les étudiants pouvaient y trouver à se loger à prix modique. Cela convenait aussi aux artistes, aux petits employés ou à toutes personnes à faibles revenus.
La propriétaire pouvait y habiter, mais pas toujours. Parfois, un des chambreurs était chargé de collecter les loyers pour quiconque possédait la maison.
Les chambreurs partageaient la salle de bain et la cuisine, chacun avec son savon et ses casseroles. Il n’y avait pas de salon commun.
Dès les années 1970 et 1980, les maisons de chambres devenues vétustes ont attiré des locataires de moins en moins argentés, de telle sorte qu’aujourd’hui on associe les maisons de chambres qui restent à une classe sociale qu’on dira négativement « défavorisée », marquée par tous les problèmes sociaux afférents.
Vous avez tout à fait raison. Aux alentours des années 1960 les maisons de chambres étaient nombreuses autour du Carré Saint-Louis. Et lorsque j’y habitais dans une chambre au rez-de-chaussée, j’aimais voir et entendre les enfants qui jouaient dans la cour.
Et de mémoire même à la fin des années 40, mon père, de Lanoraie, étudiait à l’université de Montréal et demeurait dans une maison de chambres autour du carré Saint-Louis
PS : réponse au commentaire ci-dessus «…j’ai vu écrit dans « Le Devoir » qu’en 2022: « Dernière étape avant la rue et première option pour s’en sortir, la maison de chambres est un carrefour de la souffrance. »
Le commentaire de Bernard « Dans les années 1960 Jeune artiste moi-même, je me souviens comment le quartier m’a paru durant les années 1960 comme un véritable Montmartre – » décrit la véritable image du Carré.
Le documentaire « Carré St-Louis : une histoire populaire » d’Hélène Choquette que l’on peut voir sur Ici Tout TV est un véritable bijou.
Le Carré St-Louis encerclé de maisons de chambres faisait le bonheur des artistes.
Tout ce qui a été dit sur les maisons de chambres est vrai. Je me rappelle, ayant travaillé comme livreur ado, que ce n’était pas toujours sécuritaire à cause de la forte consommation de boisson de certains chambreurs. Leur état d’ébriété avancé c’était quelque chose à voir.
Tout le monde aura son souvenir des maisons de chambres. Il faudrait en établir les époques, les quartiers, les rues, les maisons… faire une étude démographique. Il y a sûrement eu de tout dans les maisons de chambres, mais ça devient injuste envers les chambreurs d’autrefois de les cataloguer tous comme des ivrognes et des bagarreurs… Il y avait les vieilles madames, les artistes comme Pauline Morier, etc., qui ne faisaient pas grand bruit ni ne menaient des vies très dissolues. Ha! J’ai moi-même habité une maison de chambres rue Saint-Flavien à Québec, en 1976-1978, tout près de la cathédrale. Mlle d’Astous, la propriétaire, surveillait les allers et venues des chambreurs. Gare à quiconque aurait déshonoré sa maison!