Laurier et Saint-Denis (avant hier)
Pouvez-vous vous imaginer angle Saint-Denis, tout juste au sud de Laurier (on regarde en direction nord), par cet après-midi enneigé des environs de 1910. Difficile, n’est-ce pas? Mais encore, que nous montre cette photographie au juste?
C’est surtout un très bel aperçu de la vie de quartier à cette époque. On constate d’emblée que l’on retrouve des commerces aux coins des rues. Un cordonnier à gauche (avec son enseigne en forme de botte); une pharmacie à droite et peut-être une petite épicerie en face. C’est le mode de vie d’avant les Loblaw’s, Costco et autres 10X30. C’est l’expression même du commerce de proximité et de la possibilité d’envoyer le plus jeune de la maisonnée, chercher du beurre ou du lait à l’épicerie. Le plus gros bâtiment, situé à gauche, malgré ses lucarnes et son allure résidentielle, est en fait l’Hôtel-de-Ville de l’ancien Village de Côte Saint-Louis, annexé à Montréal en 1893. Il loge également une caserne de pompiers qui demeurera en place même apres l’annexion. La photo agrandie laisse deviner les deux grandes portes et les atlas municipaux de ce temps là, montrent effectivement la présence de cette caserne.
Il faut remarquer que ce tronçon de la rue Saint-Denis sera élargi quelques années plus tard. Nous sommes dans le vieux secteur du Coteau et on voit plus loin que les façades du « Saint-Denis plus neuf » (côté gauche) sont déjà alignées avec ce qui sera la nouvelle emprise de rue.
On voit aussi le moyen de transport par excellence pour cette époque, une ligne de tramway qui semble assurer un très bon service, puisqu’on en voit un autre qui se pointe déjà au loin derrière.
Encore aujourd’hui, le coin nord-est est toujours occupé par une pharmacie; mais les autres éléments du tissu urbain ont laissé place à d’autres usages et paysages. Une affiche murale (média très populaire à cette époque ou les murs mitoyens attendaient une prochaine construction), vante les mérites de fumer les « Boston cigars ». Je fut surpris d’apprendre après une petite recherche, que ces cigares étaient fabriqués à Montréal par la manufacture L.O. Grothé (angle Ontario et Saint-Laurent). Bien sûr, à cette époque à Montréal, on ne fume pas encore …mais « we smoke ».
Qu’en est-il aujourd’hui?
On ne fume plus de cigares Boston semble-t’il. Les pompiers sont déménagés angle Saint-Laurent. On ne vend plus de Castoria ou d’huile de foie de morue à la pharmacie, mais on y trouve toujours de l’Aspirine. Les transports en commun sont, quant à eux, toujours fidèles au poste. On constate également le virage commercial de cette rue autrefois si paisible; sans oublier la disparition des chevaux « à l’avoine », et leur remplacement par les chevaux vapeurs.
C’était chez nous…hier encore!
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