Mon premier terrain d’aventures
Les souvenirs que j’évoque dans les brins de prose qui suivent se déroulent entre les années 1955 et 1965, une décennie marquante. Je suis venu au monde à Montréal, en ce début de la deuxième moitié du XXe siècle, prenant mes quartiers d’abord au 5283 de la rue Fabre puis c’est en décembre 1953 que notre maisonnée a troqué ses habitudes pour le 5066 de la rue Garnier.
Le quadrilatère de mon enfance, territoire réservé à ma voiture Leader et à mon tricycle, était délimité par les rues Laurier, de Lanaudière, Garnier et le boulevard Saint-Joseph. À cette époque bénie, les mères étaient plus sereines et ne se laissaient pas aller à des crises de nerfs dès que leur progéniture dépassait leur champ de vision.
Toutefois, un épisode qui aurait pu revêtir une teinte tragique survint le jour où une voiture me percuta alors que je jouais dans la ruelle. Sonné, mais indemne, je fus surpris lorsque le conducteur me récompensa en m’offrant une pomme sous le regard furieux de ma mère. Je n’avais aucun souvenir d’avoir goûté à cette variété de pommes car jusqu’alors, les pommes que je dégustais provenaient du verger maternel. Malgré cet incident, mon terrain de jeux ne régressa pas d’un pouce. Au contraire, il s’étendit vers la « ruelle du milieu » entre les rues Garnier et de Lanaudière, où une poignée d’enfants se rassemblait souvent. Le parc Laurier semblait toujours trop éloigné !
Les racines des arbres faisaient saillie dans l’asphalte des trottoirs, et il n’était pas rare de trébucher en y jouant. C’est ainsi que ma tête de futur pilote de course rencontra l’asphalte. Ma voiture Leader dévia de sa trajectoire, me propulsant sous elle. À l’âge de 4 ans, je me relevai, prêt à recommencer et toujours sans casque’ !
Pour s’amuser dans la rue, on barricadait la rue de Lanaudière entre Gilford et Saint-Joseph, pour s’adonner au jeu du drapeau lors des récréations et avant le début des classes de l’après-midi. Le ballon-chasseur animait nos cours d’école, et je dois avouer que je me débrouillais plutôt bien.
Plus tard, au parc Laurier, avant la construction de la piscine municipale au début des années 60, une pataugeoire accueillait les plus jeunes. De l’âge de 3 à environ 8 ans, jai pataugé dans ce bassin de béton qui nous arrachait des lambeaux de peau aux genoux et aux coudes. C’était probablement là que nous avons été contraints d’apprendre à marcher droit !
En 1960, si ma mémoire reste fidèle, l’année de l’inauguration de la grande piscine du parc Laurier, je décrochai ma carte de membre pour y accéder. Habitué, durant les étés, à barboter dans la rivière au chalet de mes grands-parents, nous nous trouvions désormais enveloppés de l’odeur de chlore qui nous promettait une propreté totale.
Le quadrilatère de mon enfance, territoire réservé à ma voiture Leader et à mon tricycle, était délimité par les rues Laurier, de Lanaudière, Garnier et le boulevard Saint-Joseph. À cette époque bénie, les mères étaient plus sereines et ne se laissaient pas aller à des crises de nerfs dès que leur progéniture dépassait leur champ de vision.
Toutefois, un épisode qui aurait pu revêtir une teinte tragique survint le jour où une voiture me percuta alors que je jouais dans la ruelle. Sonné, mais indemne, je fus surpris lorsque le conducteur me récompensa en m’offrant une pomme sous le regard furieux de ma mère. Je n’avais aucun souvenir d’avoir goûté à cette variété de pommes car jusqu’alors, les pommes que je dégustais provenaient du verger maternel. Malgré cet incident, mon terrain de jeux ne régressa pas d’un pouce. Au contraire, il s’étendit vers la « ruelle du milieu » entre les rues Garnier et de Lanaudière, où une poignée d’enfants se rassemblait souvent. Le parc Laurier semblait toujours trop éloigné !
Les racines des arbres faisaient saillie dans l’asphalte des trottoirs, et il n’était pas rare de trébucher en y jouant. C’est ainsi que ma tête de futur pilote de course rencontra l’asphalte. Ma voiture Leader dévia de sa trajectoire, me propulsant sous elle. À l’âge de 4 ans, je me relevai, prêt à recommencer et toujours sans casque’ !
Pour s’amuser dans la rue, on barricadait la rue de Lanaudière entre Gilford et Saint-Joseph, pour s’adonner au jeu du drapeau lors des récréations et avant le début des classes de l’après-midi. Le ballon-chasseur animait nos cours d’école, et je dois avouer que je me débrouillais plutôt bien.
Plus tard, au parc Laurier, avant la construction de la piscine municipale au début des années 60, une pataugeoire accueillait les plus jeunes. De l’âge de 3 à environ 8 ans, jai pataugé dans ce bassin de béton qui nous arrachait des lambeaux de peau aux genoux et aux coudes. C’était probablement là que nous avons été contraints d’apprendre à marcher droit !
En 1960, si ma mémoire reste fidèle, l’année de l’inauguration de la grande piscine du parc Laurier, je décrochai ma carte de membre pour y accéder. Habitué, durant les étés, à barboter dans la rivière au chalet de mes grands-parents, nous nous trouvions désormais enveloppés de l’odeur de chlore qui nous promettait une propreté totale.
… Voici résumé en quelques lignes, les premières années d’aventure d’un jeune garçon qui prend sa place dans son quartier ; qui a soif d’inventer de nouveaux jeux et de découvrir le « vaste monde ».
À suivre.
© SHP et Caron Robert, 2024
Photos : Caron Robert, archives de Montréal.
Index des capsules de mémoire de Robert Caron
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Les «aventures» de Robert Caron méritent une médaille. Ses histoires sont celles de tous les enfants des années 1960 qui ont grandi sur le Plateau. On y retrouve l’insouciance et la légèreté qui caractérisent l’enfance et ses jeux. C’est probablement encore pareil aujourd’hui sauf que … ça a bien changé !!!!
Robert n’avait pas de tablette électronique, ni de Nintendo ou de X box; juste une petite voiture avec un genou dedans et une jambe qui pousse sur le trottoir.
J’ai moi même pratiqué ces petites voitures (j’avais payé la mienne, une Leader, avec mon «salaire» de camelot avec mon frère). Je livrais des commandes pour le Dominion angle Boyer et Mont-Royal et aussi des journaux sur ma rue. Finalement, J’ai probablement dû faire l’équivalent d’un aller retour à la lune et user bien des souliers avec cette voiture.
Laisser les enfant évoluer dans leur petit monde de découvertes avec tous les risques que cela comporte est le meilleur gage d’une vie équilibrée.
Expérimenter les effets de la loi de la gravité quand on est haut comme trois pommes, ça permet d’éviter le pire pour l’avenir, bien que !
C’est tout jeune qu’on découvre que rien n’est éternel, surtout pas nos jouets. On apprend à apprécier notre bon voisin, lui-même père de 6 gars, qui a soudé plus d’une fois la fourche de mon tricycle.
C’est maintenant que je sais que c’est la petite enfance qui façonne notre vie adulte.
Merci à mes parents et à tous ceux qui ont fait partie de mon univers. J’inclus tous ceux qui m’ont acheté des cierges, des « Tag day » et donné les bonbons à l’Halloween. J’ai appris qu’il fallait grimper haut pour les mériter !
Ce fût un plaisir de vous lire relater des souvenirs d’enfance du Plateau, c’est toujours un délice en continue et il y en a tellement d’autres.
Bravo et bonjour Robert Caron
Votre nom me dit quelque chose, le mien est Robert Cédilotte et dans les mêmes années que vous, j’habitais au 4644 rue Fabre. Ainsi votre histoire ressemble beaucoup à la mienne. Que de bons souvenirs dans ce quartier n’est-ce pas ! De plus je demeurais à quelques portes de Michel Tremblay, oui le célèbre Tremblay qui était dans ma classe en 5e année en même temps qu’Antoine Ferland le frère du célèbre Jean Pierre. Mes parents étaient très croyants et je fus enfant de cœur à la fameuse église de Saint-Stanislas. Ma mère travaillait au magasin Lindor près de chez Dionne sur la rue Mont-Royal et mon père fut exploité par les anglais de la Canadian Spool and Cotton au coin de Pie-Neuf et Notre-Dame.
Au plaisir d’un prochain partage.
Nous nous sommes sans doute croisés à l’école primaire Saint-Stanislas.
J’habitais à un jet de pierres de la comédienne Gisèle Morissette, qui a joué dans les Belles Histoires d’en-Haut.
Heureux de vos commentaires.
Bravo M. Caron.
J’ai lu avec beaucoup de plaisir votre texte. Nous étions presque voisins.
Voici en 1947, ce que pouvait représenter le fameux quadrilatère de l’enfance de Robert Caron et dans lequel il évoluait avec sa bande. Depuis certains espaces du côté de la rue Fabre surtout, ont été utilisés pour y construire d’autres condominium.