Mes souvenirs du Patro 4/6
Mon premier amour
Après ce premier succès, le retour à la routine quotidienne ne s’est pas fait sans heurts. Les parties de notre petite ligue me semblaient soudainement ternes et sans émotions. Heureusement, l’esprit de groupe que l’équipe avait développé demeurait intact. C’est ainsi qu’on se retrouvait souvent au ‘’Royal Submarines’’ ou en face, chez ‘’Red Hot’’, rue Bernard, pour y ingurgiter des quantités phénoménales de ‘’fast-food’’ et y écouter les derniers succès des Beatles ou des Stones sur le juke-box. Et aussi y côtoyer, nouvelle notoriété oblige, des jeunes filles qui, comme partout ailleurs, étaient attirées par des jeunes gens évoluant dans une équipe d’élite. Eh oui ! On avait même nos ‘’groupies’’ !
Cette attention, dont nous étions l’objet, ne pouvait évidemment pas me laisser indifférent. Même pendant de simples pratiques, je notais toujours la présence de quelques représentantes du sexe féminin, juchées tout en haut de la mezzanine, épiant nos moindres gestes. Trop gênés de part et d’autre, nous n’en étions pas encore à nous parler, mais on sentait que le courant commençait à passer. Je n’avais pas eu de vraie blonde depuis l’école primaire et j’avais résolument mis tout cet aspect de ma vie en quarantaine depuis longtemps. Jusqu’à ce qu’une de ces filles ne me force littéralement la main, m’obligeant à réviser radicalement mes positions.
Elle s’appelle Nicole Daunais. Une jolie petite blonde qui, comme par hasard, est très souvent présente lors de mes parties de basket et n’arrête pas de me lancer des regards pleins de sous-entendus. Malgré tout, je ne me décide pas à l’aborder. Je crois que je suis encore plus gêné qu’elle.
Un jour, une de ses amies m’aborde pour me dire que quelqu’un m’attend à l’extérieur du gymnase; sans me donner plus de détails. Je me doute bien de quelque chose mais dans l’innocence de mes quatorze ans, je n’ai aucune idée préconçue sur le déroulement de cette rencontre. Pour tout dire, je suis littéralement paralysé par le trac. Pas assez cependant pour ne pas me pointer au dit rendez-vous.
Elle est là, plus timide que jamais mais néanmoins rayonnante, du moins à mes yeux. J’en suis bouche bée. J’ignore totalement ce qui m’arrive. Je suis parcouru de frissons en même temps que de grandes vagues de chaleur. De l’émotion pure, incontrôlable. Mon coeur bat à tout rompre. Je n’ai jamais éprouvé de tels sentiments. Je peux à peine parler. C’est elle qui a provoqué cette rencontre, c’est donc à elle de faire les premiers pas, me dis-je. De toute façon, je suis beaucoup trop ému pour tenter quelque approche que ce soit. Dieu qu’elle est belle ! Après un silence qui semble interminable, elle finit enfin par se décider à parler :
• Voudrais-tu sortir avec moi ?
Ce sont les paroles que j’espérais, sans trop y croire. Je suis incapable de faire un geste tellement elle me subjugue. Ce visage d’ange, ces beaux yeux doux qui n’osent me regarder qu’un peu par en dessous me coupent tous mes moyens. C’est encore elle, avec un phrase toute simple, qui me redonnera le contrôle sur ce corps qui décidément n’en fait qu’à sa tête :
• Arrête de me regarder comme ça, tu me fais fondre !
Ces paroles, qui resteront gravées dans ma mémoire à jamais, sonnent le réveil de mes sens. Cet aveu de doux malaise et de vulnérabilité, me force la main. La balle est désormais dans mon camp. Sans réfléchir, je m’approche d’elle et tend mes lèvres vers les siennes. Le contact est chaud, doux, intense. Nos langues s’entremêlent dans un ballet malhabile mais néanmoins harmonieux. Je veux que ce premier baiser ne prenne jamais fin. Je n’ai jamais été aussi heureux…
Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés ainsi enlacés, mais quand l’étreinte a pris fin, je n’avais qu’un seul désir : renouveler l’expérience au plus vite ! C’était maintenant clair. Elle était devenue ma blonde et moi, son ‘’chum’’.
Cette nouvelle causa une véritable commotion au Patro. Tout d’abord, parce que c’était une des premières liaisons entre un membre de la traditionnelle section masculine et une autre de la toute nouvelle section féminine. Les religieux savaient évidemment, à terme, la chose inévitable mais bon, là, elle arrivait. Ensuite, Nicole était une fille franchement désirable. Malgré son jeune âge (12 ans !), elle possédait déjà presque un corps de femme. Elle était convoitée par beaucoup de garçons ; qui ont donc été nombreux à être extrêmement déçus de son choix. Pendant un temps, cette déception s’est muée en railleries, comme seuls des ados jaloux en sont capables. J’ai tout encaissé sans broncher, mon bonheur naissant me permettant aisément de flotter au-dessus de tout cela.
À partir de ce moment de grâce, nous nous fréquentâmes assidûment. Presque à tous les jours, pendant plus de deux ans, après nos activités respectives, on se rencontrait à l’extérieur du Patro pour de longues séances de ‘’necking’’ et d’expérimentations sensuelles de toutes sortes. Après un certain temps, la hardiesse de nos ébats étant de plus en plus marquée, nous avons dû trouver des coins tranquilles, à l’abri des regards. Un de nos favoris se trouvait sur Casgrain, une rue à l’est du Patro, où la circulation était rare et les abris, principalement des entrées d’usine situées en retrait, nombreux. Mais en fait, partout où on se rencontrait c’était un déluge de ‘’french kiss’’, qui faisait souvent dire à mes amis ‘’d’en laisser pour les bateaux’’.
Que ce soit dans le petit café ouvert au sous-sol de l’école des filles, juste à côté de ma propre école secondaire, dans les ruelles sur le chemin du retour ou encore devant ma porte d’entrée sur le balcon, nous étions toujours en train de nous embrasser. Mon père, qui était de la vieille école, ne voyait pas ces épanchements d’un très bon oeil. Il m’avait d’ailleurs une fois vertement sermonné après nous avoir surpris au beau milieu d’échanges de fluides passionnés, près de notre porte d’entrée :
• C’est pas un bordel icitte ! avait-il tonné.
Ce qui, loin de mettre un frein à nos ardeurs, nous avait simplement incité à nous cacher un peu plus. Cette tendance m’a par ailleurs valu quelques ennuis avec les voyous du quartier.
Un jour que nous étions dans une ruelle à faire ce que nous faisions toujours en de telles circonstances, un petit ’’bum’’ nous lança une remarque quelque peu désobligeante. Je l’envoyai promener sur un ton baveux avec toute l’assurance que l’amour peut procurer. Erreur ! Grave erreur ! Regardant par-dessus mon épaule, Nicole aperçu le malfrat en puissance revenir vers nous. Je me retournai pour lui faire face, sûr de pouvoir dissiper rapidement le malentendu. Malheureusement, il ne l’entendait pas du tout de cette façon. Il sortit prestement un couteau à cran d’arrêt qu’il me passa malicieusement sur le visage et le cou. Je l’avoue, j’avais terriblement peur. Je n’osais pas faire un geste. L’autre prenait un plaisir sadique à son petit manège. Cela dura quelques minutes, jusqu’à que son copain, jusque là en retrait, ne lui rappelle qu’ils avaient autre chose de plus urgent à faire. Il nous laissa, non sans prendre le temps de proférer une série de menaces dont celle de me réduire en charpie la prochaine fois qu’il me verrait.
Je savais qu’il était sérieux et malgré mon air confiant devant ma blonde pour ne pas perdre la face, j’étais profondément troublé. Je voulais désespérément que tout le monde m’aime et en voilà un qui voulait me tuer ! J’ai vécu les semaines suivantes dans l’angoisse de le rencontrer de nouveau au détour d’une rue, d’une ruelle. Nicole et moi avions changé nos habitudes et nous rencontrions dorénavant à l’arrière des usines de textiles de la rue Casgrain, près de Laurier, au nord-est de nos écoles. Précaution qui, finalement, ne servit à rien…
Un mois ou deux plus tard, il nous surprit de nouveau dans notre nouvelle cachette. Sans couteau cette fois, il m’invita à la bagarre. Je détestais viscéralement me battre. Toute forme de violence me répugnait au plus haut point. Mais là, je n’avais pas le choix. Non seulement je devais montrer que je n’étais pas une poule mouillée devant ma blonde, mais si je ne me défendais pas, lui n’hésiterait pas à m’aplatir, sans aucun remords. Sans grand enthousiasme, je me mis donc en position…
La bataille ne dura pas très longtemps. Après avoir surpris mon adversaire en lui enserrant le cou de mon bras, je ne pus me résoudre à lui appliquer le coup de grâce en lui enfonçant mon poing dans le visage. Comme il était petit mais raide, il réussit assez facilement à se dégager et pris dès lors le dessus. Je me retrouvai rapidement par terre, ma tête heurtant lourdement l’asphalte. Instinctivement, et pour limiter les dégâts, je décidai de feinter une perte de connaissance. Bien que légèrement étourdi, j’étais quand même pleinement conscient lorsque le petit salaud m’asséna deux coups de pied dans le dos, me laissant en souvenir quelques marques qui mirent longtemps à s’effacer. Mais jamais autant que les blessures à mon amour-propre qui elles, ne sont jamais complètement disparues.
C’est en me relevant, dans les bras de ma belle tout en pleurs, que je notai un détail qui m’avait jusque-là échappé étant donné que dans ma position de faux évanoui, je tournais le dos à l’action : le ‘’bum’’ m’avait ‘’scrapé’’ un travail scolaire de science qui m’avait pris, au bas mot, une semaine à concocter. Plus que la douleur physique, somme toute assez bénigne, la perte du fruit de mes efforts me catastrophait au plus haut point. C’est tout penaud que je ramassai le beau ‘’duo-tang‘’ déchiré et que, m’appuyant sur ma blonde, je repris le chemin des classes. Finalement, cela s’arrangea assez bien avec le prof. Après lui avoir montré mon dos et expliqué la situation, il me donna exceptionnellement une semaine de plus pour lui remettre ma recherche. Maintenant, si mon dos pouvait arrêter de m’élancer… et la honte de me tenailler…Étrangement, cet incident resserra les liens entre nous deux. Déjà nos caresses étaient de plus en plus hardies. Mais à partir de ce moment-là, comme si on voulait profiter encore plus de la vie juste au cas où, la pudeur freinait de moins en moins nos élans. Nos mains baladeuses exploraient mutuellement ces corps juvéniles avides de sensations nouvelles dans un ballet dont la musique était orchestrée par nos coeurs amoureux. La tête cependant, surtout celle de Nicole, toute imprégnée des valeurs judéo-chrétiennes de l’époque prônant la chasteté, nous empêchaient d’aller jusqu’au bout. Mais cela ne m’a jamais empêché de considérer Nicole Daunais comme ma première vraie blonde, celle pour laquelle j’ai vibré corps et âme pour la toute première fois.
Cette attention, dont nous étions l’objet, ne pouvait évidemment pas me laisser indifférent. Même pendant de simples pratiques, je notais toujours la présence de quelques représentantes du sexe féminin, juchées tout en haut de la mezzanine, épiant nos moindres gestes. Trop gênés de part et d’autre, nous n’en étions pas encore à nous parler, mais on sentait que le courant commençait à passer. Je n’avais pas eu de vraie blonde depuis l’école primaire et j’avais résolument mis tout cet aspect de ma vie en quarantaine depuis longtemps. Jusqu’à ce qu’une de ces filles ne me force littéralement la main, m’obligeant à réviser radicalement mes positions.
Elle s’appelle Nicole Daunais. Une jolie petite blonde qui, comme par hasard, est très souvent présente lors de mes parties de basket et n’arrête pas de me lancer des regards pleins de sous-entendus. Malgré tout, je ne me décide pas à l’aborder. Je crois que je suis encore plus gêné qu’elle.
Un jour, une de ses amies m’aborde pour me dire que quelqu’un m’attend à l’extérieur du gymnase; sans me donner plus de détails. Je me doute bien de quelque chose mais dans l’innocence de mes quatorze ans, je n’ai aucune idée préconçue sur le déroulement de cette rencontre. Pour tout dire, je suis littéralement paralysé par le trac. Pas assez cependant pour ne pas me pointer au dit rendez-vous.
Elle est là, plus timide que jamais mais néanmoins rayonnante, du moins à mes yeux. J’en suis bouche bée. J’ignore totalement ce qui m’arrive. Je suis parcouru de frissons en même temps que de grandes vagues de chaleur. De l’émotion pure, incontrôlable. Mon coeur bat à tout rompre. Je n’ai jamais éprouvé de tels sentiments. Je peux à peine parler. C’est elle qui a provoqué cette rencontre, c’est donc à elle de faire les premiers pas, me dis-je. De toute façon, je suis beaucoup trop ému pour tenter quelque approche que ce soit. Dieu qu’elle est belle ! Après un silence qui semble interminable, elle finit enfin par se décider à parler :
• Voudrais-tu sortir avec moi ?
Ce sont les paroles que j’espérais, sans trop y croire. Je suis incapable de faire un geste tellement elle me subjugue. Ce visage d’ange, ces beaux yeux doux qui n’osent me regarder qu’un peu par en dessous me coupent tous mes moyens. C’est encore elle, avec un phrase toute simple, qui me redonnera le contrôle sur ce corps qui décidément n’en fait qu’à sa tête :
• Arrête de me regarder comme ça, tu me fais fondre !
Ces paroles, qui resteront gravées dans ma mémoire à jamais, sonnent le réveil de mes sens. Cet aveu de doux malaise et de vulnérabilité, me force la main. La balle est désormais dans mon camp. Sans réfléchir, je m’approche d’elle et tend mes lèvres vers les siennes. Le contact est chaud, doux, intense. Nos langues s’entremêlent dans un ballet malhabile mais néanmoins harmonieux. Je veux que ce premier baiser ne prenne jamais fin. Je n’ai jamais été aussi heureux…
Je ne sais pas combien de temps nous sommes restés ainsi enlacés, mais quand l’étreinte a pris fin, je n’avais qu’un seul désir : renouveler l’expérience au plus vite ! C’était maintenant clair. Elle était devenue ma blonde et moi, son ‘’chum’’.
Cette nouvelle causa une véritable commotion au Patro. Tout d’abord, parce que c’était une des premières liaisons entre un membre de la traditionnelle section masculine et une autre de la toute nouvelle section féminine. Les religieux savaient évidemment, à terme, la chose inévitable mais bon, là, elle arrivait. Ensuite, Nicole était une fille franchement désirable. Malgré son jeune âge (12 ans !), elle possédait déjà presque un corps de femme. Elle était convoitée par beaucoup de garçons ; qui ont donc été nombreux à être extrêmement déçus de son choix. Pendant un temps, cette déception s’est muée en railleries, comme seuls des ados jaloux en sont capables. J’ai tout encaissé sans broncher, mon bonheur naissant me permettant aisément de flotter au-dessus de tout cela.
À partir de ce moment de grâce, nous nous fréquentâmes assidûment. Presque à tous les jours, pendant plus de deux ans, après nos activités respectives, on se rencontrait à l’extérieur du Patro pour de longues séances de ‘’necking’’ et d’expérimentations sensuelles de toutes sortes. Après un certain temps, la hardiesse de nos ébats étant de plus en plus marquée, nous avons dû trouver des coins tranquilles, à l’abri des regards. Un de nos favoris se trouvait sur Casgrain, une rue à l’est du Patro, où la circulation était rare et les abris, principalement des entrées d’usine situées en retrait, nombreux. Mais en fait, partout où on se rencontrait c’était un déluge de ‘’french kiss’’, qui faisait souvent dire à mes amis ‘’d’en laisser pour les bateaux’’.
Que ce soit dans le petit café ouvert au sous-sol de l’école des filles, juste à côté de ma propre école secondaire, dans les ruelles sur le chemin du retour ou encore devant ma porte d’entrée sur le balcon, nous étions toujours en train de nous embrasser. Mon père, qui était de la vieille école, ne voyait pas ces épanchements d’un très bon oeil. Il m’avait d’ailleurs une fois vertement sermonné après nous avoir surpris au beau milieu d’échanges de fluides passionnés, près de notre porte d’entrée :
• C’est pas un bordel icitte ! avait-il tonné.
Ce qui, loin de mettre un frein à nos ardeurs, nous avait simplement incité à nous cacher un peu plus. Cette tendance m’a par ailleurs valu quelques ennuis avec les voyous du quartier.
Un jour que nous étions dans une ruelle à faire ce que nous faisions toujours en de telles circonstances, un petit ’’bum’’ nous lança une remarque quelque peu désobligeante. Je l’envoyai promener sur un ton baveux avec toute l’assurance que l’amour peut procurer. Erreur ! Grave erreur ! Regardant par-dessus mon épaule, Nicole aperçu le malfrat en puissance revenir vers nous. Je me retournai pour lui faire face, sûr de pouvoir dissiper rapidement le malentendu. Malheureusement, il ne l’entendait pas du tout de cette façon. Il sortit prestement un couteau à cran d’arrêt qu’il me passa malicieusement sur le visage et le cou. Je l’avoue, j’avais terriblement peur. Je n’osais pas faire un geste. L’autre prenait un plaisir sadique à son petit manège. Cela dura quelques minutes, jusqu’à que son copain, jusque là en retrait, ne lui rappelle qu’ils avaient autre chose de plus urgent à faire. Il nous laissa, non sans prendre le temps de proférer une série de menaces dont celle de me réduire en charpie la prochaine fois qu’il me verrait.
Je savais qu’il était sérieux et malgré mon air confiant devant ma blonde pour ne pas perdre la face, j’étais profondément troublé. Je voulais désespérément que tout le monde m’aime et en voilà un qui voulait me tuer ! J’ai vécu les semaines suivantes dans l’angoisse de le rencontrer de nouveau au détour d’une rue, d’une ruelle. Nicole et moi avions changé nos habitudes et nous rencontrions dorénavant à l’arrière des usines de textiles de la rue Casgrain, près de Laurier, au nord-est de nos écoles. Précaution qui, finalement, ne servit à rien…
Un mois ou deux plus tard, il nous surprit de nouveau dans notre nouvelle cachette. Sans couteau cette fois, il m’invita à la bagarre. Je détestais viscéralement me battre. Toute forme de violence me répugnait au plus haut point. Mais là, je n’avais pas le choix. Non seulement je devais montrer que je n’étais pas une poule mouillée devant ma blonde, mais si je ne me défendais pas, lui n’hésiterait pas à m’aplatir, sans aucun remords. Sans grand enthousiasme, je me mis donc en position…
La bataille ne dura pas très longtemps. Après avoir surpris mon adversaire en lui enserrant le cou de mon bras, je ne pus me résoudre à lui appliquer le coup de grâce en lui enfonçant mon poing dans le visage. Comme il était petit mais raide, il réussit assez facilement à se dégager et pris dès lors le dessus. Je me retrouvai rapidement par terre, ma tête heurtant lourdement l’asphalte. Instinctivement, et pour limiter les dégâts, je décidai de feinter une perte de connaissance. Bien que légèrement étourdi, j’étais quand même pleinement conscient lorsque le petit salaud m’asséna deux coups de pied dans le dos, me laissant en souvenir quelques marques qui mirent longtemps à s’effacer. Mais jamais autant que les blessures à mon amour-propre qui elles, ne sont jamais complètement disparues.
C’est en me relevant, dans les bras de ma belle tout en pleurs, que je notai un détail qui m’avait jusque-là échappé étant donné que dans ma position de faux évanoui, je tournais le dos à l’action : le ‘’bum’’ m’avait ‘’scrapé’’ un travail scolaire de science qui m’avait pris, au bas mot, une semaine à concocter. Plus que la douleur physique, somme toute assez bénigne, la perte du fruit de mes efforts me catastrophait au plus haut point. C’est tout penaud que je ramassai le beau ‘’duo-tang‘’ déchiré et que, m’appuyant sur ma blonde, je repris le chemin des classes. Finalement, cela s’arrangea assez bien avec le prof. Après lui avoir montré mon dos et expliqué la situation, il me donna exceptionnellement une semaine de plus pour lui remettre ma recherche. Maintenant, si mon dos pouvait arrêter de m’élancer… et la honte de me tenailler…Étrangement, cet incident resserra les liens entre nous deux. Déjà nos caresses étaient de plus en plus hardies. Mais à partir de ce moment-là, comme si on voulait profiter encore plus de la vie juste au cas où, la pudeur freinait de moins en moins nos élans. Nos mains baladeuses exploraient mutuellement ces corps juvéniles avides de sensations nouvelles dans un ballet dont la musique était orchestrée par nos coeurs amoureux. La tête cependant, surtout celle de Nicole, toute imprégnée des valeurs judéo-chrétiennes de l’époque prônant la chasteté, nous empêchaient d’aller jusqu’au bout. Mais cela ne m’a jamais empêché de considérer Nicole Daunais comme ma première vraie blonde, celle pour laquelle j’ai vibré corps et âme pour la toute première fois.
Si vous désirez de plus amples informations:
– rejoignez la page Facebook du groupe des anciens du Patro Le Prévost
– ou bien, consultez le site du Patro Villeray qui a pris la suite,
– rien ne vous empêche également, d’ajouter vos propres commentaires et souvenirs ci-dessous.
Références et sources
© SHP et Pierre Prévost, 2021.
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Pierre, elle était bien jolie votre Nicole.
Merci de ce témoignage si personnel, si charmant et si romantique. Comme vous écrivez bien et captez l’intérêt.
C’est toujours un plaisir de vous lire.
Wow !! Ton écrit m’a fait revivre dans le passé les plus beaux moments de ma jeunesse, mon premier amour, tu sais si bien écrire et raconter les choses. Il y a beaucoup de moments et de souvenirs que moi aussi, je n’ai pas oubliés.
Merci pour cette belle histoire, de ces beaux et bons souvenirs que tu m’as partagés et fait revivre. J’ai bien hâte de lire la suite.
Merci pour notre amitié retrouvée,
Merci Pierre c’est très bien écrit.
Pour votre information, Nicole Daunais est au centre de la photo des filles !!!!
Hello Pierre
Tu as parlé d’une jolie petite blonde, je l’avais bien devinée déjà.
Je me souviens de cette fameuse Nicole, sacré Pierre Don Juan de l’époque 🙂
J’ai trouvé très émouvante l’histoire sur ton premier amour, d’autant plus qu’elle m’a fait penser à une aventure semblable à la tienne que j’ai vécue à peu près au même âge que toi avec Danielle D. Notre histoire avait commencé au lycée et s’est terminée comme la tienne sans conclusion.
Figure toi que, quelques 40 ans après je l’ai retrouvée. Toujours aussi émus comme au premier jour, ayant vécu chacun de notre côté notre vie avec le regret partagé de ne pas avoir poussé plus loin notre aventure originelle.
Aujourd’hui malheureusement un cancer l’a emportée.
Repose en paix Danielle et que la terre te soit douce est légère.
Ange
Beau texte et souvenirs très bien racontés. Moi aussi, à peu près au même âge, j’avais servi d’exhutoire à un p’tit bum du quartier. Je dis petit mais en fait il était pas mal grand. Une de ses connaissances (lui, c’était un ti-cul) lui dit à un moment donné que je l’avais «écoeuré» (ce qui était tout à fait faux). Le grand m’a envoyé une taloche qui m’a laissé étourdi pendant quelques secondes. Lui aussi m’avais laissé avec une promesse de terminer la job un autre tantôt. Alors, tout comme dans ce texte de Pierre Prévost, J’ai crains de le rencontrer pendant plusieurs mois dans le quartier. C’était l’époque des gangs de quartiers et il y avait la «terrible» gang du parc. Ça niaisait pas trop trop dans ce temps là.
Si je me souviens bien et si tu parles du parc Laurier, la gang s’appelait les « Iron Coffin » et était une sorte de club école des « Devils Disciples », aujourd’hui disparus, bande rivale des « Hells Angels » de l’époque. Alors oui, ça jouait pas mal dur dans les coins !