L’Histoire et les Mots de Dominique
Quelle chance pour la Société d’Histoire du Plateau d’avoir parmi ses membres Dominique Nantel Bergeron, une femme remarquable qui brille par sa vive intelligence et un charme captivant. Toujours prête à mettre en avant ses talents d’écrivaine, elle nous apporte une contribution inestimable.
Après avoir poursuivi des études doctorales en biologie moléculaire, elle a consacré deux décennies à une carrière de chercheure. Son parcours l’a amenée à participer à la rédaction d’une trentaine d’articles scientifiques et à la création de brevets d’invention. Cependant, au fil du temps, elle a réalisé que son cœur nourrissait d’autres aspirations, ce qui l’a poussé à tisser de nouveaux rêves. L’aventure scientifique s’estompa pour laisser place à l’éclosion d’un premier roman, intitulé « De l’autre côté du nombril », une métaphore littéraire qui détourna ses pas du laboratoire vers les sentiers de l’écriture. Le nom « Nantel », transmis par sa lignée maternelle, devint l’emblème sous lequel elle fit paraître ses œuvres littéraires. En 2009, naquit « L’humain de trop », un ouvrage publié sur un « Coups de Tête », suivi en 2019 par l’exceptionnel « Précis de survie hors de l’eau », une offrande éditée chez Tête Première et finaliste à la 5e édition du Prix des Horizons imaginaires en 2020.
Tel un puzzle complexe aux multiples pièces manquantes, elle créa également, en collaboration étroite avec son imagination et son frère Éric, la captivante série jeunesse « Les miniAtomix ». Cette aventure à saveur scientifique fut narrée sous le pseudonyme de Dé Bergeron.
Cependant, comprenez que ces premiers élans ne furent que le prologue, un léger battement d’ailes avant la métamorphose finale. Du point de vue de notre société d’histoire, cette évolution atteignit son apogée lorsque Dominique, fusionnant son expertise avec une passion éblouissante, s’orienta vers la petite histoire.
Avec patience, elle entreprit d’explorer un trésor d’archives familiales qu’elle avait soigneusement constitué au fil des années, amorçant ainsi ses enquêtes historiques. En 2017, elle faisait paraître un article dans les pages de la revue Histoire sociale/Social History, rendant hommage à Louise Alphonsine Nantel (1884-1965), une plume méconnue du siècle dernier, journaliste et romancière d’une ère révolue. Cette journaliste/écrivaine avait rédigé de nombreuses chroniques sous différents pseudonymes tels qu’Andrée Claudel, Mireille, Lou Sorriaux ou L. A. Nantel, publiées dans des journaux tels que L’Avenir du Nord, Le Canada, Le Pays et La Patrie. L’article de Dominique Nantel Bergeron se concentre sur les écrits de la journaliste allant de 1904 à 1918. Tout comme Denise Bombardier le fera plus tard, Louise Alphonsine Nantel s’installa à Paris en 1911, d’où elle continua de collaborer avec les journaux montréalais. Elle produisit des portraits captivants de la vie urbaine. Bien qu’elle ait rédigé de nombreuses chroniques à caractère mondain, elle conserva une attitude critique envers la superficialité et l’hypocrisie de la bourgeoisie. Femme moderne et émancipée, elle se rallia au mouvement progressiste et plaida en faveur de la participation des femmes à la vie publique. Elle milita également pour l’établissement d’une bibliothèque publique et pour le soutien gouvernemental à l’éducation. Au sortir de la Première Guerre mondiale, Louise Alphonsine se maria avec Julien Sorriaux, commissaire de police à Paris. En 1930, le couple s’installa à Saint-Tropez, où la journaliste passa le reste de sa vie, décédant en 1966. En 1947, elle publiait un roman autobiographique sur son enfance dans la région des Laurentides.
Pour Dominique Nantel Bergeron, la magie s’incarna ensuite à travers son “Prisonnier à Bordeaux”, publié en 2023 chez Septentrion. Ce livre qui vient de paraître nous transporte au cœur des années 1931-1932 à Montréal. Il nous plonge dans le vécu d’Adolphe Nantel, le grand-oncle de l’autrice, qui passa cinq mois derrière les barreaux, incarcéré pour « vagabondage ». Cette oeuvre prit vie à partir de 21 chroniques rédigées par Adolphe lui-même, dans lesquelles il relate son quotidien de prisonnier. Ce séjour en prison devait agir sur lui comme une forme de cure de désintoxication, en permettant à Adolphe Nantel de rester loin des tentations… Il s’exprima dans ses chroniques sur le sort réservé aux démunis de la société : « Approchez-vous, vous tous, les puissants de ce monde, les privilégiés de la terre, et osez prétendre connaître le bonheur lorsque vous ne pouvez saisir cette joie intense qui illumine le visage pâle et souvent barbu d’un malheureux qui lutte, lutte pour retrouver sa place en tant que bon citoyen ». Ce récit carcéral préfacé par Andrée Lévesque, une historienne éminente et membre distinguée de notre société d’histoire, a été chaudement salué pour sa grande qualité historique dans une récente chronique de Louis Cornellier, parue dans le journal Le Devoir.Tel des danseuses élégantes évoluant dans un bal enchanteur, les plumes littéraires et historiques se sont harmonieusement entremêlées sous le nom de Dominique Nantel Bergeron. Au cours de l’année qui vient de s’écouler, elles ont offert à notre Société une fresque familiale en douze épisodes, façonnés avec minutie, qui a pris son envol au sein de notre blogue. Cette saga intergénérationnelle se déploie principalement dans le quartier de Laurier Est. Nous envisageons désormais d’en faire le sujet d’un ouvrage qui sera publié grâce aux attentions bienveillantes de la Société d’Histoire du Plateau. Nous sommes impatients de vous le présenter dans un proche avenir.
© SHP 2023.
Bravo pour cette histoire de votre famille les Nantel, nom connu dans les Laurentides (Saint-Jérome).
Généalogiste amateur que je suis, je remonte au premier Nantel dit Berloin.
Alors, nous sommes cousins!
J’étais en dehors de la ville et à mon retour, tous ces bons mots… j’en perds les miens !
Merci à tous!
Chère Dominique, ta ténacité, ton amour de l’histoire, ton talent à nous partager le fruit de tes recherches ..,tout ça fait que j’ai une profonde admiration pour toi. Bravo!
Cette saga familiale est impressionnante à lire. Elle nous offre des séquences d’images montrant non seulement les personnages de l’histoire, mais aussi d’innombrables images de notre paysage urbain du Plateau. On peut voir l’évolution de ces secteurs par les immeubles qui sont toujours en place; ceux qui sont disparus et aussi ceux qui se sont ajoutés. À savourer lentement !
SUPERBE ! C’est un réel plaisir de lire ces histoires qui nous font découvrir les secrets du Plateau. On en veut encore, encore et encore !
D’abord il va y avoir bientôt l’édition sous forme d’ouvrage de toutes les scènes de rue auxquelles elle a rajouter un épilogue. Et ensuite, il faudrait presser gentiment Dominique de retourner à sa valise de photos pour nous décrire des scènes d’intérieur.
Mille fois bravo à Dominique. J’ai toujours apprécié ses écrits, et plus encore.